La polémique a continué à enfler au lendemain de la diffusion d'un reportage de France 2 où le cinéaste Elie Chouraqui évoquait une "haine ordinaire" contre des élèves juifs de Montreuil. Les habitants de la ville ont profité d'une visite de François Fillon vendredi pour exprimer leur réprobation. Le ministre de l'Education nationale s'était en effet ému de la controverse qui s'est instaurée, avant même la diffusion de ce reportage mettant en scène des lycéens de l'ORT, un établissement juif, et ceux du collège public Paul-Eluard tout proche. M. Fillon, "choqué" par ce reportage qui selon lui "ne montre qu'un aspect des choses", avait donc décidé de venir sur place. Il a été accueilli, devant le collège, par le maire, Jean-Pierre Brard (app. PCF), qui fut le premier Montreuillois à s'exprimer, avec virulence, vendredi matin. "Ce reportage est une manipulation. Tout a été scénarisé. On a fait dire aux enfants un texte déjà préparé. Moi qui fut instit, j'en suis profondément choqué", a déclaré M. Brard. "Chouraqui a tout basé sur le mensonge, il dit chercher la vérité. Mais ça commence très mal, il dit être né et avoir vécu à Montreuil, il est né et il a vécu à Paris, il n'a jamais vécu à Montreuil", a-t-il ajouté. Ces propos ont provoqué une réaction d'Elie Chouraqui, qui a annoncé qu'il allait assigner M. Brard en justice. "Les propos insultants du maire de Montreuil, M. Brard, à notre encontre nous conduisent à entamer une action en justice pour diffamation", ont affirmé dans un communiqué Elie Chouraqui et Yves Azéroual, journaliste qui a participé au tournage. "A aucun moment les témoins de ce reportage n'ont été castés ou choisis en fonction du prétendu intérêt de leurs propos", se sont-ils défendus. De son côté, France 2 "se réserve le droit de poursuivre en justice tous ceux qui mettent en cause l'intégrité des auteurs de ce travail". La chaîne a précisé que ce reportage "a fait l'objet d'un travail d'enquête, de préparation et de tournage de près de deux mois" et que "les accusations de +manipulation+ et de +mensonge+ sont inacceptables". Lors de la visite de M. Fillon à Montreuil, parents et enseignants ont exprimé leur émotion. "M. Chouraqui a filmé pendant deux heures dans une classe en posant des questions très orientées", a affirmé une enseignante. "A la fin, comme les élèves n'avaient pas de propos particulièrement virulents, il était très énervé, il leur a dit d'arrêter de faire de la langue de bois, en disant: +Je ne vais pas repartir sans rien quand même...+", a-t-elle ajouté. "Je veux vous dire que tout le monde dans le quartier est scandalisé par le film. On y vit très bien dans ce quartier", a lancé un habitant anonyme devant le lycée ORT. MM. Fillon et Brard étaient accompagnés par Esther Douieb, la directrice de l'ORT. "Depuis plusieurs années, nous travaillons ensemble, un travail de fond sur la tolérance. Je crains qu'en quelques minutes d'émission, M. Chouraqui ait tout anéanti. Il n'a pas réfléchi, ou alors ce n'est pas son problème, sur l'impact que son reportage assez partiel sinon partial pourra avoir sur les enfants", a-t-elle souligné. La veille, sur le plateau de l'émission "Envoyé spécial" après la diffusion du film, le cinéaste avait défendu sa position. "Le but de ce travail est d'alerter les autorités. Ce type de reportage doit avoir une action civique", avait-il dit.
Rédaction
19 avril 2004
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