Aucun avion ne s'est écrasé sur le Pentagone, Oussama Ben Laden est un agent de la CIA, Lady Di a été assassinée par les services secrets israéliens : Arte consacre mardi 13 avril une soirée aux théories du complot qui jouissent depuis le 11 septembre d'une popularité croissante. Dans "Le 11 septembre n'a pas eu lieu", Barbara Necek et Antoine Vitkine ont enquêté sur la nébuleuse conspirationniste dont le Français Thierry Meyssan est un acteur-clé. L'auteur de "L'effroyable imposture" (éditions Carnot) affirme que les attentats de New York et de Washington ne seraient qu'une mise en scène résultant d'un complot ourdi par un groupe militaro-industriel américain proche du président des Etats-Unis. D'Allemagne, où l'éditeur local de Thierry Meyssan est aussi l'animateur d'une secte d'extrême droite païenne, l'enquête se poursuit en Egypte, où la croyance que 4.000 Juifs ne seraient pas venus travailler le 11 septembre 2001 dans les Twin Towers fait fureur. Comment le livre d'un quasi inconnu a-t-il pu devenir un best-seller mondial, traduit en 28 langues? C'est la question posée par ce documentaire didactique qui dénonce "l'infotainment", à savoir la confusion entre spectacle et information, au détriment de la seconde. Outre-Rhin, les thèses fantaisistes d'un ancien ministre de la Recherche sur l'implication de la CIA dans les attentats du 11 septembre ont été par exemple éditées chez Piper, une maison réputée qui publie notamment la philosophe Hannah Arendt. En France, "L'effroyable imposture" a bénéficié d'un coup de projecteur inespéré quand son auteur a été reçu en mars 2002 par Thierry Ardisson dans "Tout le monde en parle", une émission phare de France 2. Dans un second documentaire intitulé "Le grand complot", Barbara Necek et Antoine Vitkine convoquent historiens et politologues pour expliquer les raisons du succès que connaissent les théories conspirationnistes auprès d'un public de plus en plus large. Apparues à la Révolution française lorsque les royalistes désignent entre autres Juifs et francs-maçons comme la source de leurs maux, elles ont trouvé un nouveau souffle depuis la fin de la guerre froide. Le monde a perdu sa cohérence bipolaire, et la tendance à vouloir en réduire la complexité s'est renforcée. La mondialisation libérale, parce qu'elle suscite le sentiment d'une dépossession de son destin, nourrit aussi la croyance que le monde est entre les mains de quelques-uns, en l'occurrence des financiers. Les "Guignols de l'Info" surfent ainsi sur la vague du complot quand ils font du personnage de Sylvester le responsable des malheurs de la planète. Ce faisant, soulignent les auteurs, ils permettent que les thèses conspirationnistes se diffusent bien au-delà de leurs publics "naturels", l'extrême gauche ou l'extrême droite.
Rédaction
13 avril 2004
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