Rendez-vous mythique de la télévision publique et de la chanson légère en Italie, le festival de San Remo débute mardi sous des auspices peu prometteuses en raison du retrait des grandes maisons de disque et de la désaffectaion du public. 50% des personnes interrogées ont déclaré qu'elles ne suivraient aucune des cinq soirées de la 54ème édition, indique lundi une enquête de l'institut Ipsos publiée par le quotidien Il Messagero. L'an dernier, à la même époque, ils étaient seulement 39% à confesser leur désamour pour cette émission-concours, qui battait des records d'audience à sa création en 1951, et qui est retransmise en Amérique latine où vit une importante communauté d'origine italienne. Le sondage apporte aussi la confirmation que le festival est devenu ringard, avec seulement 5% des gens considérant San Remo comme "un événement à la mode qui fait tendance". Le festival est né à une époque où les foyers italiens n'avaient que la radio. L'idée était de sélectionner les chansons pouvant entrer au répertoire de la RAI, en faisant voter les auditeurs. Chaque année, les organisateurs se donnent un mal fou pour ranimer l'intérêt des téléspectateurs notamment en usant de polémiques, parfois artificielles. Cette année, celles-ci sont bien réelles puisque, pour la première fois, la fédération italienne de la musique, la FIMI, a rompu avec le festival. La FIMI représente plus de 90 labels dont les majors BMG, EMI, Warner, Sony, Universal, mais aucun artiste de ces maisons de disque ne sera à San Remo, pour des raisons liées notamment au "non-renouvellement d'une formule jugée dépassée", a expliqué à l'AFP une attachée de presse de la FIMI. Interviewé par le magazine "Télé, sourires et chansons", Tony Renis, le directeur artistique du festival, n'y est pas allé par quatre chemins pour exprimer son dépit. "Trouillards!", a-t-il lancé aux chanteurs connus ayant refusé l'invitation comme Eros Ramazzotti, produit par BMG, allant jusqu'à employer le terme peu élégant de "cagasotto" signifiant "faire dans sa culotte" en italienne.