La Tunisie a accéléré le processus de privatisation de ses entreprises publiques, commencé il y a plus de 15 ans, en proposant cette année des concessions de services publics, notamment dans les télécoms et l'énergie. Le gouvernement a attribué cette semaine à Monaco Télécom une concession pour un réseau de télécommunications par satellite VSAT (Smail Aperture Terminal), l'opérateur monégasque partageant l'exploitation avec un fournisseur tunisien d'accès à internet. Cette concession est la deuxième en matière de télécommunications après l'octroi d'une licence de téléphonie GSM à l'Egyptien Orascom Telecom, opérant en concurrence avec Tunisie Télécom qui avait le monopole du secteur. Plusieurs appels à manifestation d'intérêt pour la privatisation partielle ou totale d'entreprises ou la réalisation de projets en concession ont été rendus publics ces dernières semaines. Selon des chiffres officiels, une trentaine d'entreprises seront privatisées en 2004, dont 10 dans l'industrie, notamment la juteuse Société nationale de distribution de pétrole (SNDP, 35% du capital), la Société des industries automobiles (100% du capital) et Tunisie lait (74,63% du capital). L'Américain ExxonMobil et le britannique BG Group ont été consultés pour les 35% de parts à céder dans la SNDP. Dans les services, une dizaine de sociétés sont concernées, parmi lesquelles Tunisie Télécom (10% du capital) et la Banque du sud (33,54%) en plus de sociétés agricoles et d'hôtels. Au rayon des concessions publiques, à signaler la cession d'une station de dessalement de l'eau de mer à Djerba (sud), la réalisation d'un projet éolien d'une capacité de production de 300 mégawatts et la reprise des chantiers navals de Menzel Bourguiba, qui seraient confiés à la Compagnie Marseille Réparation (CMR). La compagnie aérienne Tunisair envisage, quant à elle, d'externaliser certaines de ses activités (maintenance des avions, systèmes d'information et de télécoms, télémarketing) en s'associant à des partenaires de notoriété internationale, davantage capables de faire face à la concurrence. Air France, Lufthansa et EADS Sogerma ont manifesté de l'intérêt pour la maintenance des avions, selon la compagnie. La multiplication des appels d'offres, ouverts aux étrangers, fait suite à des critiques du programme de privatisation, les bailleurs de fonds de la Tunisie (FMI, Banque mondiale, Union européenne...) estimant que le pays prenait du retard par rapport à ses objectifs. Depuis 1987, 176 entreprises publiques dont cinq cimenteries ont été vendues pour un montant de 2,630 milliards de dinars (1,755 milliard d'euros), le gouvernement s'étant montré peu pressé de lâcher son contrôle sur l'économie, de renoncer à la gestion de rentes, et soucieux d'éviter les pertes d'emplois. Selon un rapport de l'OCDE en 2003, les politiques de privatisation n'auraient cependant fait jusqu'ici que remplacer les monopoles d'Etat par des monopoles privés. Certaines entreprises n'ont pas connu le succès escompté de leur privatisation, comme le groupe laitier Laino, sur le point d'être revendu.
Rédaction
29 février 2004
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