Groupes audiovisuels et syndicats faisaient hier jeudi des lectures différentes du rapport Gourinchas sur le recours aux intermittents, présenté la veille: certains y voyaient une reconnaissance de ce type d'emplois dans ces sociétés et d'autres y trouvaient surtout une critique des pratiques. Le rapport de Bernard Gourinchas, président de l'association des employeurs du service public de l'audiovisuel, s'est penché sur le recours à l'intermittence à France 2, France 3, France 5, RFO, ARTE, TV5, Radio France, Radio France Internationale et l'INA, où 21% du travail a été assuré par des intermittents en 2002. Le texte préconise notamment une meilleure organisation du travail. Pour le ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon: "l'une des conclusions du rapport, c'est qu'en soi le recours à l'intermittence n'est pas illégitime dans l'audiovisuel public". "Il faut simplement veiller à ce que des fonctions exercées en permanence par les mêmes personnes ne soient pas assujetties à ce mode de rémunération et de contractualisation". (...) Entre la rigidité du contrat à durée indéterminée et l'extrême précarité de l'usage de l'intermittence, il existe "des formes de contractualisation sur des projets spécifiques", a indiqué le ministre. Le directeur des ressources humaines du groupe France Télévisions, Bernard Broyet, a estimé que le rapport "confirme la légitimité du recours au régime de l'intermittence du spectacle dans les sociétés de l'audiovisuel public et en particulier dans la télévision". En termes d'organisation du travail "tout ce que le rapport" préconise "est déjà sur les rails dans les discussions déjà ouvertes avec nos partenaires sociaux", a-t-il ajouté. Le directeur général de France 2, Christopher Baldelli, a souligné que l'information est notamment montrée du doigt dans le rapport. "Faut-il des intermittents dans l'information ? Cela peut se concevoir mais il y en a peut-être un peu beaucoup. Nous travaillons là-dessus, nous avons des négociations" (...) les réalisateurs de journaux sont intermittents parce qu'il existe un usage". Selon Claude Norek, directeur général délégué à la gestion et à la production à Radio France, "Nous sommes dans la légalité et en aucun cas dans l'abus de l'intermittence". Pour sa part, Jacques Ricau, secrétaire général de la CFDT radio Télé juge le rapport "excellent". Ce sont des choses sur lesquelles on se bat depuis des années, sur les requalifications... Il y a trop d'emplois intermittents dans l'audiovisuel public et en plus ils se permettent de faire des illégalités". Il se félicite de la proposition de négocier une convention de branche : "cela fait 20 ans qu'on la revendique" et ne craint pas la remise en cause d'acquis sociaux. M Gourinchas a "parfaitement raison" de prôner une "meilleure organisation du travail". Luc Deléglise, secrétaire du SNRT-CGT de France 2, a dénoncé la proposition, contenue dans le rapport, de "développer les polyqualifications". "On sait très bien que la polyvalence conduirait à la destruction des métiers et de la qualité de l'audiovisuel public", a-t-il affirmé. "C'est un biais qui permet d'attaquer la convention collective des salariés", a-t-il jugé, se disant "choqué" par une préconisation du rapport sur une "réorganisation du travail des permanents pour augmenter leur disponibilité réelle".
Rédaction
16 janvier 2004
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