France 2 a décidé de différer la diffusion d'un épisode de la série policière du vendredi soir "PJ", intitulé "Religion", qui traitait notamment d'un incendie criminel dans une école juive, perpétré par un juif. "Cet épisode sera diffusé ultérieurement, dans un contexte plus apaisé que le contexte actuel qui est caractérisé par des actes d'agression antisémites et certaines tensions entre communauté", a expliqué à l'AFP le directeur général de la chaîne publique, Christopher Baldelli, confirmant des informations du Monde daté de vendredi. Cet épisode "sera diffusé", a-t-il assuré, estimant qu'il était de "la responsabilité sociale d'un diffuseur (...) d'apprécier au moment où il va diffuser (un sujet) si le thème abordé n'est pas de nature à poser des problèmes de compréhension". L'épisode écrit par Gilles-Yves Caro a été commandé, validé à toutes les étapes de son élaboration et devait être diffusé le 9 janvier dans la case "polar" de la chaîne publique. Dans cet épisode, les enquêteurs de "PJ" (c'est la 12e saison de cette série à succès) établissaient qu'un incendie dans une école juive, traité comme un acte antisémite, était en fait imputable à un juif, familier de l'établissement. Quant à d'éventuelles critiques sur cette décision, la direction de la chaîne indiquait que France 2 "montre en permanence qu'elle n'est pas frileuse et peut traiter de sujets difficiles". Frédéric Krivine, co-président de l'UGS (Union de la Guilde des scénaristes) a estimé que cette déprogrammation "ouvre un débat sur ce dont on peut parler ou non à la télévision". "Je ne vis pas cela comme une censure rigide", a-t-il indiqué à l'AFP. "Il n'y a que sur le service public que les créateurs trouvent une diversité des formes d'expression". Selon lui, "trop de scénaristes et de réalisateurs ont l'impression qu'il est difficile de parler des fissures politiques de la France d'aujourd'hui dans les fictions. Cela existe déjà, mais insuffisamment. C'est parce que cela existe que nous sommes inquiets d'une déprogrammation dont nous contestons la logique. On a peur que cela donne un signal aux créateurs à faire encore plus du consensuel ", a-t-il dit, estimant que "l'autocensure est un mal français". "Le service public parfois traite des affaires et c'est sur le service public qu'on a une chance d'avoir quelque chose sur des sujets difficiles. L'antisémitisme est porteur d'une culpabilité, mais cela ne devrait pas conduire à déprogrammer. Il faut dépassionner ces choses là", a encore estimé Frédéric Krivine, ajoutant que des représentants de l'UGS, de la SACD, de l'USPA et du groupe 25 images seraient reçus en janvier par la direction de France 2.
Rédaction
19 décembre 2003
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