Les actionnaires de BSkyB devraient grommeler en ce vendredi lors de leur assemblée générale, après la nomination à la tête du groupe du jeune James Murdoch, fils de Rupert, sans toutefois oser remettre en cause cette décision approuvée par le tout-puissant magnat australien des médias. L'arrivée début novembre de James Murdoch, 30 ans, à la barre du bouquet satellitaire BSkyB, l'une des principales entreprises britanniques cotées en Bourse, avait fait grincer des dents la City. Les investisseurs s'inquiètent notamment d'avoir une entreprises dirigée par le fils et présidée par le père. L'actionnaire principal de BSkyB est News Corp, le groupe de média dirigé par Rupert Murdoch. L'assemblée générale de BSkyB, à laquelle participeront le père et le fils, "est l'un des points forts du calendrier de l'année" et "les actionnaires sont vivement encouragés à être présents", souligne l'Association nationale des fonds de pension (NAPF). Le NAPF et l'Association des assureurs britanniques (AIB), les deux principales organisations représentant les investisseurs institutionnels de la Bourse de Londres, ont toutefois décidé de ne pas appeler leurs membres à voter contre la nomination de James Murdoch au comité de direction de BSkyB. Sa nomination au poste de directeur général n'est, elle, pas soumise au vote. Le NAPF estime que voter contre l'arrivée de James Murdoch, en arguant d'un processus de recrutement biaisé, "n'est pas justifié". Cela remettrait en cause la crédibilité des recruteurs, à savoir le cabinet de chasseurs de tête et les membres indépendants d'un comité de BSkyB chargé de la sélection. Les analystes de la banque d'affaires Merrill Lynch soulignaient récemment que les actionnaires de BSkyB disposent en fait d'une marge de manoeuvre réduite, au regard de l'importante participation de News Corp. dans BSkyB (35,4%) et des bonnes performances financières du bouquet satellitaire. Les deux associations veulent toutefois marquer le coup. "Nous avons émis un sérieux avertissement sur les manquements à la bonne gouvernance de la société", déclare la porte-parole de l'AIB. "Nous mettons en garde contre de futures difficultés", renchérit le NAPF. James et Rupert "sont surveillés de près", grogne l'association. Les actionnaires devraient vendredi diriger leur courroux vers d'autres cibles que James Murdoch. L'AIB et le NAPF recommandent ainsi à leurs membres de voter contre le renouvellement du mandat de Norman St John Stevas, un directeur exécutif indépendant, qui a supervisé le processus de sélection du nouveau patron de BSkyB. "Cela fait douze ans qu'il est membre du comité de direction, il n'est plus vraiment indépendant", argue le porte-parole du NAPF. Norman St John Stevas avait expliqué, sans l'ombre d'un sourire, que la filiation de James Murdoch avait en fait joué contre lui dans le processus de sélection. Les deux associations recommandent également un vote contre le rapport de rémunération aux dirigeants, qu'elles jugent obscur et pas suffisamment détaillé. "Bien que plus informatif que celui de l'année dernière, il reste l'un des moins impressionnants lu par nos soins en 2003", commente le NAPF. Les actionnaires réclament notamment que Tony Ball, le prédécesseur de James Murdoch, ne reçoive pas d'indemnités de départ conséquentes puisqu'il quitte la compagnie de son propre chef. James Murdoch, lui, multiplie les gestes de bonne volonté à l'égard des actionnaires. A la veille de l'assemblée générale, il évoque à nouveau, dans un entretien publié sur le site Internet de son groupe, la possibilité du versement d'un dividende, pour la première fois depuis cinq ans.
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