Les sénateurs russes ont décidé mercredi de placer les médias sous un strict contrôle pour les campagnes électorales à venir, mais si les intentions affichées sont louables --éviter propagande et diffamation--, l'inquiétude pour la liberté de la presse grandit en Russie. Le Conseil de la Fédération (chambre haute) a approuvé une série d'amendements à la loi sur les médias, concernant la couverture des campagnes électorales, à l'unanimité moins une abstention. La chambre basse les avait adoptés une semaine plus tôt, et les textes n'ont plus qu'à être signés par le président Vladimir Poutine. Toute "propagande électorale" est interdite de la part des médias lors de la campagne officielle, de même que tout éditorial commentant la position d'un candidat. Selon les nouveaux amendements, un journal ou un programme télévisé qui aura violé par deux fois le code électoral pourra être suspendu, sur demande d'une commission électorale et avec l'accord du ministère de l'Information. L'objectif affiché est noble à l'approche des législatives de décembre et de la présidentielle de mars: il s'agit d'éviter que les médias ne se transforment en porte-parole militant, comme ce fut le cas lors des scrutins de 1999-2000. La campagne s'était alors transformée en joute pseudo-politique, révélant chaque jour un "nouveau scandale", menée par l'intermédiaire des grandes chaînes de télévision dans des reportages "de commande" aux accents parfois ouvertement diffamatoires. Mais les défenseurs de la liberté de la presse et les professionnels du secteur se méfient des bonnes intentions du pouvoir, d'autant que la détermination du Kremlin à contrôler l'information ne fait plus guère de doutes.
Rédaction
26 juin 2003
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