"La vie comme elle va", documentaire de Jean-Henri Meunier diffusé ce soir à 22h30 sur ARTE et le 13 juin à 20h45 sur la chaîne thématique Odyssée , est une chronique rurale sur une harmonie en train de se perdre. Filmer la vie comme elle vient, au quotidien, dans un petit village aveyronnais de 800 âmes pouvait sembler ridicule, au mieux vaguement attendrissant. Jean-Henri Meunier, transfuge de la ville installé en 1995 à Najac, a filmé comme "on voisine". Au fil des mois, il a capté des instants de vie, des personnages inattendus et décalés. Ils vivent tranquillement, se la coulent douce, au fil des saisons. Ce sont des instantanés de la vie d'Henri Sauzeau, mécano poétique qui répare des tracteurs en rêvant de paquebot, collectionne les poupées, nettoie une statue de la Vierge au fond de son jardin et s'est construit une piscine. Du chef de gare M. Barre, tout droit sorti d'un film de Jacques Tati quand il modifie le tableau des horaires ou arrose ses géraniums. De la centenaire du village, Melle Céline, qui peste contre sa soupe trop épaisse avant d'entonner "l'Internationale" ou "On n'a pas tous les jours 20 ans"... Au fil du documentaire, on découvre aussi Christian Lombard, un peu porté sur la bouteille et que ses brebis font tourner en bourrique. Il va chez le coiffeur et passe ensuite son chien Beethoven à la tondeuse pour une toilette de printemps. La fermière, Mme Dardé, met un coq à la casserole, élève ses poules et ses canards. Et le retraité Jean-Louis, "materné par les services sociaux" selon ses propres termes, a décidé de cesser de se faire du souci : il n'ouvre son courrier qu'une fois par mois et s'émerveille des plantes rencontrées au bord des chemins. Les personnages sont saisis dans leur vérité mais sans moquerie. Des scènes de moisson dans la lumière d'été, des gros plans sur les vaches qui ruminent inlassablement, la naissance d'un veau dans la pénombre d'une étable, les premières framboises. Cette ode à la vie simple, à mille lieux de la frénésie des villes, semble venue d'une autre planète, d'une autre époque. Quand la radio égrène les indices de Wall Street dans l'étable au milieu des meuglements, c'est carrément drôle. Et l'on rit comme les enfants que le clown Picolo amuse avec sa veste à carreaux et son nez rouge. Ce film, qui est une coproduction ARTE France, Galatée Films (Jacques Perrin) et Odyssée avec la parTicipation de France Films TV, devrait sortir en salles à la rentrée.
Rédaction
9 juin 2003
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