"C'est là ma force: je n'ai pas peur que ça s'arrête", confie Jean-Pierre Raffarin dans un documentaire de France 3 intitulé "Le mystère Raffarin", qui sera diffusé presque un an jour pour jour après son arrivée à Matignon en mai 2002. Ce reportage de 49 minutes du journaliste Christophe Barbier (L'Express) et du réalisateur Denis Chaloyard nous montre "l'inconnu du Poitou" vanter sa réforme fétiche, la décentralisation, lors des Assises des libertés locales, se livrer à des bains de foule, présider des réunions de travail et se confier dans son bureau. Alors que sa cote de popularité baisse et qu'il joue le quitte ou double sur la périlleuse réforme des retraites, le Premier ministre se présente comme un homme chargé d'accomplir "une mission" sous la houlette de Jacques Chirac. Se disant "déterminé" sans vouloir "brutaliser le temps", il affirme qu'il mènera "jusqu'au bout" ses réformes. "C'est moi qui vais sauver les retraites. (...) Si on ne fait pas la réforme, (les Français) vont voir leur retraite s'effondrer. Ce n'est quand même pas compliqué à comprendre. C'est quelque chose que tous les Français comprennent", martèle-t-il. Face au "cercle de plomb qui fait tout pour rendre la France immobile", il se sent "libre" pour mener à bien les chantiers "difficiles". "J'arriverai" à changer la France. "Je sais très bien qu'il y a des fronts: il y a le mur de l'argent, des conservatismes, des protégés, de tous qui s'enferment dans des statuts. Il faut aller les bousculer", lance M. Raffarin. "Souvent en politique, il y a des gens qui ont peur de perdre leur place. C'est parce qu'on a peur qu'on n'a pas de courage (...) Moi je n'ai pas peur de devoir partir (...) Je ne suis pas là pour faire carrière. J'étais dans mon Poitou-Charentes, je n'ai pas demandé à venir à Matignon. Je suis là, je l'assume".