Marc Chagall, qui fait l'objet d'une rétrospective aux Galeries du Grand Palais (jusqu'au 23 juin), revit grâce à "Chagall, à la Russie, aux ânes et aux autres", un documentaire diffusé sur France 3 le 23 avril à 23H15 et sur France 5 le 27 avril à 9H15. Ce document des frères Stéphan et François Lévy Kuentz s'intéresse "autant à la trajectoire de l'homme qu'à celle de l'artiste". Le regard plein de malice de Chagall, son fort accent russe, son sourire franc, son humour et sa modestie crèvent l'écran. Enrichi de documents inédits, notamment des archives familiales grâce à Méret-Meyer, petite-fille du peintre, ainsi que de films amateurs sur les artistes en exil à New York (l'on voit notamment Braque, Dali, Masson, Mondrian, Calder, Léger), "Chagall, à la Russie, aux ânes et aux autres" trace le portrait d'un artiste généreux. Aimé du public, reconnu de son vivant, il a vécu l'art comme "une promesse de bonheur" et c'est ce qui transparait. "Pour moi, l'amour est la vraie couleur de l'art" confie-t-il devant la caméra, s'étonnant de "la cruauté" de l'homme. Ce coloriste somptueux, qui n'aime pas travailler devant les autres, n'a adhéré à aucune chapelle esthétique, se situant à contre-courant de tout l'art moderne. Parcours atypique (de 1908 à 1985) et trajet artistique déraciné sont retracés depuis la petite ville biélorusse de Vitebsk où il est né dans une famille juive. En 1911 à Paris, il vit la Bohème cosmopolite de la Ruche, rencontre Blaise Cendrars, qui donne des titres à ses oeuvres, et Apollinaire. Il revient en Russie en 1914, se marie avec Bella en 1915, période de ses fameuses compositions "aériennes" où les personnages flottent dans les airs. Il vit la révolution russe, avant de s'exiler à Paris en 1923 après avoir été directeur de l'Académie des Beaux-Arts de Vitebsk. La superbe série des "fables" date de cette époque. En 1933, un film couleur montre un autodafé de ses oeuvres par l'Allemagne nazie qui le classait parmi les "artistes dégénérés". Les Chagall fuient l'Europe en 1941, gagnent New York. L'artiste peint "La guerre", "Crucifixion jaune", "Obsession" et rentrera définitivement en France en 1948, après la mort de Bella. Installé à Saint-Paul-de-Vence, il développe une oeuvre d'inspiration biblique. Consacré avec le plafond de l'Opéra de Paris commandé par André Malraux, il se lance dans des oeuvres monumentales, des vitraux pour la cathédrale de Reims, des mosaiques pour la Knesseth à Jerusalem (Parlement israélien) et verra de son vivant un musée à sa gloire, le "Musée national message biblique Marc Chagall à Nice".
Rédaction
23 avril 2003
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