Rédaction
18 février 2003

La presse quotidienne est "sans doute le média qui souffrira le plus" d'une éventuelle ouverture de la publicité télévisée aux secteurs jusqu'ici interdits (grande distribution, presse écrite, édition et cinéma), selon une étude de MPG (Havas). En cas d'ouverture totale de ces secteurs, la télévision bénéficierait d'un transfert d'investissements publicitaires annuel de 380 à 530 millions d'euros bruts, estime l'étude de ce groupe de conseil médias et d'achat d'espaces publicitaires. Le manque à gagner représenterait 100 à 130 millions pour la presse quotidienne et magazine, soit 15 à 20% des investissements publicitaires que lui consacrent jusqu'à présent les quatre secteurs interdits de pub TV. Les autres transferts se feraient, toujours selon l'étude de MPG, au détriment des parrainages télévisés (55 à 60 millions d'euros), de la radio (39 à 59 M EUR) et de l'affichage (48 à 72 M EUR), représentant 10 à 15% des investissements publicitaires actuels de ces secteurs pour chacun d'eux. Les imprimés publicitaires seraient touchés dans une moindre mesure (50 à 130 M EUR, soit 2 à 5%). "Pour la presse magazine et quotidienne, cela représenterait un recul de 1,6 à 2% des investissements publicitaires, tous secteurs confondus", a précisé à l'AFP Nadine Medjeber, l'un des auteurs de l'étude. Pour Bertrand Lestapis, PDG de MPG, la presse quotidienne régionale, qui bénéficie jusqu'ici largement des investissements de la grande distribution, a particulièrement à craindre de l'ouverture des secteurs interdits. "Elle devrait négocier soit sur le calendrier, soit sur des contreparties soit sur des avantages dans d'autres domaines", préconise-t-il. Quant à la télévision, elle bénéficierait "d'un petit recalage à la hausse mais pas d'une révolution". Les bénéfices pour les télévisions locales seraient en revanche très limités. "Ca peut aider quelques télévisions locales à survivre", estime-t-il. En mai, la Commission européenne a mis en demeure la France d'abroger le décret qui interdit aux quatre secteurs de faire de la publicité à la télévision. Le porte-parole de Frits Bolkenstein, commissaire européen chargé du Marché intérieur, a indiqué à la Correspondance de la Presse parue mardi que la France avait adressé début février à Bruxelles une note indiquant qu'une "décision sur une modification de décret était prévue pour avril 2003". Une concertation est menée actuellement par la Direction du développement des médias (DDM), dépendante de Matignon. Selon la Correspondance de la Presse, la note du gouvernement français précise que les premières consultations ont dégagé un consensus sur l'ouverture de la pub TV au secteur de la presse qui pourrait être rapidement autorisée.

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