En remportant trois Victoires de la Musique (artiste interprète masculin, album et chanson, pour "Manhattan Kaboul", son duo avec Axelle Red), Renaud a été le grand vainqueur des 18emes Victoires de la Musique qui ont été décernées hier soir au Zénith à Paris. Vincent Delerm (album révélation), Sanseverin (révélation scène) se sont distingués chez les nouveaux talents. La Victoire de l'album pop/rock attribuée à Indochine a récompensé le retour au premier plan d'une des plus anciennes formations rock françaises encore en activité. Lynda Lemay (artiste interprète féminine) et Natasha St Pier (groupe ou artiste révélation, seule catégorie choisie par le public) ont fait triompher les couleurs du Québec. Les quelque 1.320 membres du collège des votants (artistes, professionnels de l'industrie musicale, médias) ont en revanche ignoré une des favorites, Carla Bruni, l'ancien mannequin-vedette reconvertie en chanteuse, auteur d'un des succès surprise de la saison avec "Quelqu'un m'a dit". Renaud, qui n'avait été jusqu'alors que modestement récompensé (en 1994 dans la catégorie musique traditionnelle pour Renaud cante el' nord") a remercié "Oussama Ben Laden et George Bush". "Par leurs crimes, ils ont inspiré les héros un peu dérisoires de cette chanson", qui raconte l'amour à distance de deux enfants pris dans les feux de la violence, a déclaré "la chetron sauvage". Sanseverino (révélation scène), Doc Gyneco (album rap/hip-hop), les Corses de I Muvrini) ont également figuré en bonne place au palmarès. Au cours de la soirée, il a été rendu hommage au vétéran Serge Reggiani (81 ans le 2 mai prochain), qui ne s'est pas jugé digne d'une telle récompense mais a promis "de faire en sorte de le faire" dès que possible. L'actualité immédiate a été évoquée au cours de la soirée, via l'Ivoirien (lauréat ex aequo avec le groupe corse I Muvrini de la Victoire World) qui a stigmatisé la présence des forces militaires françaises dans son pays. L'actualité nationale a aussi fait irruption. Marc Slyper, secrétaire général du SNAM (Syndicat national des artistes musiciens), a ainsi profité de la tribune offerte par les organisateurs pour appeler à une "grève" générale dans l'industrie du spectacle et de l'audiovisuel le 25 février, avec une manifestation le même jour à Paris entre la place de la Bastille et la Madeleine. Les intermittents du spectacle mènent depuis plusieurs mois une série d'opérations destinées à exprimer leur attachement à leur régime spécifique d'indemnisation du chômage. Cérémonie huilée (l'organisation avait décider de raccourcir la soirée, ne retenant que 13 catégories), qui n'a pas connu le happening "provo" de l'an dernier lorsque les Bordelais de Noir Désir avaient interpellé Jean-Marie Messier, "camarade PDG et grand manitou des communicants". La seule note un peu discordante a été celle du bluesman Arno, l'homme à la voix de papier de verre. Ayant perdu le fil de sa chanson, le rocker belge a arrêté ses musiciens d'un sonore "je suis dans la merde", avant de reprendre le cours de son ode à "Lola, pour qui je me lave sous les bras".
Rédaction
16 février 2003 à 01h00
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