Les salariés du Groupe Canal+, qui assistent dans une relative indifférence à "l'interminable départ programmé" de leur patron Xavier Couture, attendent surtout, entre lassitude et méfiance, que leurs dirigeants élaborent une stratégie "claire et solide" pour assurer l'avenir du groupe. "Personne ne nous l'a dit officiellement, mais pour nous, il y a zéro flou: Couture s'en va et on garde Bertrand Meheut (actuel directeur général du Groupe Canal+)", affirme une salariée de l'une des filiales parisiennes du groupe. De source proche du dossier, on précisait que M. Couture négociait toujours, mardi, les conditions financières de son départ, et que cela pourrait prendre encore "quelques jours". "Son contrat est fou et inapplicable, comme tous les contrats signés par Messier", observait-on de même source. Mardi, ni Canal+ ni sa maison-mère Vivendi Universal (VU) n'avaient officialisé le départ de M. Couture. Jeudi, est prévu un conseil d'administration de Canal+ SA, la chaîne cryptée, tandis qu'un conseil de surveillance du Groupe Canal+, prévu avant les premières rumeurs sur le sort de M. Couture, se tiendra vendredi. "Couture est arrivé sous les huées, il repart dans l'indifférence", résume à l'AFP Gérard Chollet, délégué CFDT du Groupe. "C'est assez curieux, les gens sont plutôt calmes, semblent peu surpris et regardent tout cela d'un air plutôt désabusé", remarque un dirigeant du groupe. "Mais c'est quand même une nouvelle secousse après le séisme de l'an dernier (le renvoi de Pierre Lescure, ndlr) et c'est mauvais pour le groupe". Un technicien "historique" de la chaîne affirme quant à lui: "Quand Couture est arrivé, on savait très bien que ça n'allait pas marcher. Alors qu'il s'en aille, ça ne nous fait ni chaud ni froid". "La seule annonce que les salariés attendent, et depuis longtemps, c'est celle de la stratégie et du développement de leur groupe, sachant que c'est de cela que dépendra un éventuel plan social", souligne Gérard Chollet. En juillet, M. Fourtou avait annoncé que le groupe allait se recentrer sur ses activités françaises et se débarrasser des filiales déficitaires, notamment étrangères. Un schéma loin d'être finalisé. Quant à Bertrand Meheut, actuel directeur général du Groupe Canal+ et successeur désigné de Xavier Couture, il a une réputation de "nettoyeur" --il doit son surnom de "pesticide" à ses antécédents dans l'agro-chimique-- et dans les couloirs de Canal, on craint un plan social d'envergure. "La situation incertaine dans laquelle se trouve le management de l'entreprise ne fait qu'alourdir le climat d'inquiétude qui règne au sein du personnel", déclarait pour sa part la CGT mardi dans un communiqué. "Mais comment faire un plan social, si on ne sait même pas ce que sera Canal+ dans un an ?", s'interroge le technicien. "On a l'impression que tout nous échappe. Mais ça fait tellement longtemps qu'on nous dit que ça ne va pas, qu'on attend maintenant qu'on nous dise ce qu'on doit faire".