Grâce à une chance épatante, la découverte d'un ancêtre totalement inconnu d'un groupe de dinosaures qui ont donné naissance aux plus grandes créatures terrestres de tous les temps a eu lieu, l'an dernier, au Maroc, sous le regard attentif de la caméra du réalisateur belge Pierre Stine. Le documentaire issu de ce tournage montre en effet "en direct" la mise au jour, dans le Haut Atlas marocain, de restes fossiles de dinosaure du début du Jurassique, dont l'examen a immédiatement révélé son caractère exceptionnel. Trouvé dans la cour d'une ferme, cet animal a 180 millions d'années, soit 15 millions d'années de plus qu'Atlasaurus, qui est ainsi détrôné de sa place de doyen de tous les dinosaures sauropodes (quadrupède), décrits jusqu'alors. Jamais aucun autre animal terrestre n'a dépassé en taille ces dinosaures : le plus grand parmi eux, le brachiosaure, atteignait, avec son cou démesuré, 25 mètres de long pour une masse estimée de 80 tonnes. Mais jusqu'à cette dernière découverte, l'origine des dinosaures sauropodes demeurait obscure. Ils ont vécu à une époque où l'Afrique et l'Amérique formaient encore un seul bloc. Puis, un grand mouvement tectonique a séparé ces terres, les témoins de ces temps reculés ont été anéantis ou enfouis sous des kilomètres de sédiments. Partout, sauf au Maroc, où le soulèvement de l'Atlas a fait ressurgir les couches géologiques remontant à l'époque mythique de l'histoire des dinosaures et permis à la mission dirigée par le paléontologue français Philippe Taquet (Muséum national d'histoire naturelle, à Paris), de mettre la main sur plusieurs ossements exceptionnels, notamment une mâchoire bien conservée de cet ancêtre inespéré des sauropodes. Le fossile correspond à un animal de la taille d'un gros rhinocéros, au cerveau modeste, aux déplacements lents - que les dernières techniques d'imagerie de synthèse font apparaître en chair et os, dans des scènes pleines d'humour et d'émotion, en compagnie des scientifiques dont les travaux lui redonnent une vie nouvelle. Le beau documentaire, intitulé "L'empreinte des dinosaures", tourné en coproduction France-3/Gédéon Programmes/Discovery Channel/Espace Vert, présente un animal qui n'a même pas encore fait l'objet d'une communication scientifique et qui, par conséquent, n'a pas, pour l'instant, décliné son identité savante. En attendant, Pierre Stine l'a surnommé "Bill", en hommage à un "copain" chimpanzé qu'il avait rencontré lors d'un précédent tournage au Congo...Diffusion le 2 février à 17h55 sur France 3