Un envoyé spécial de la chaîne privée française TF1, Patrick Bourrat, est mort dimanche à l'aube à Koweit après avoir été blessé lors de manoeuvres américaines, devenant ainsi le premier journaliste victime de la guerre annoncée contre Irak. "Patrick Bourrat est mort à deux heures du matin (samedi 23H00 GMT)", a indiqué à l'AFP un porte-parole de l'ambassade de France à Koweit, expliquant que le journaliste est décédé à l'hôpital où son état s'était détérioré après une opération. Selon ce porte-parole, le journaliste a eu "la rate éclatée et un rein touché" lorsqu'il a été heurté par un char américain qui participait à un exercice dans le désert koweitien faisant partie des préparatifs de guerre contre l'Irak. L'ambassade avait indiqué samedi que Patrick Bourrat avait été grièvement blessé, mais TF1 à Paris avait souligné qu'il était "hors danger". Les médecins koweitiens avaient dans un premier temps diagnostiqué des côtes cassées. Le président Jacques Chirac, dans une lettre adressée dimanche à la direction de TF1, s'est déclaré "consterné" à l'annonce du décès du journaliste Patrick Bourrat, "l'un des journalistes les plus talentueux et les plus emblématiques de la profession". "Il couvrit tous les champs de bataille et les conflits du monde de ces dernières années", rappelle le chef de l'Etat. "Courageux et expérimenté, il a porté jusqu'au sacrifice la mission d'informer", ajoute-t-il. Patrick Bourrat a été heurté par un char Abrams samedi matin alors qu'il tentait d'écarter son caméraman du mastodonte d'acier en mouvement, a souligné le porte-parole français. "Il a été très courageux en tentant de sauver la vie de son caméraman", a-t-il dit. Le journaliste, qui avait 48 ans, a été évacué du champ de manoeuvres vers l'hôpital des forces armées koweïtiennes où les médecins avaient diagnostiqué quatre côtes cassées. Il a pu parler à l'ambassadeur de France, Claude Losguardi, qui lui a rendu visite samedi, mais il s'était plaint de douleurs persistantes. "Un examen IRM pratiqué en soirée a révélé ce qui n'avait pas été diagnostiqué le matin", a dit le porte-parole, ajoutant que le journaliste a été ensuite opéré par des médecins américains. "L'opération s'est bien passée mais une hémorragie s'est déclarée" et les médecins ont "fait tout leur possible" pour tenter de le sauver, selon lui. "Patrick Bourrat voulait partir en France pour les fêtes de Noël mais l'hôpital avait conseillé de le garder encore une journée pour qu'il soit capable de voyager", a ajouté le même porte-parole. De nombreux journalistes se trouvent à Koweit pour couvrir les manoeuvres de l'armée américaine qui vont en s'intensifiant dans le nord du territoire koweïtien où les soldats s'entraînent à tirs réels. Les Etats-Unis ont déjà déployé quelque 15.000 soldats dans différents endroits du territoire koweitien où ils ont établi des camps sur presque un tiers du territoire de ce pays voisin au sud de l'Irak qui avait été envahi par les troupes du président Saddam Hussein en août 1990. Patrick Bourrat est bien connu des téléspectateurs français. Il avait longuement couvert le conflit israélo-palestinien, ayant été correspondant à Jérusalem avant d'aller à Moscou. Il a également couvert plusieurs conflit dans le monde, du Timor Oriental au Kosovo en passant par la Tchétchénie et le Liban. Patrick Bourrat avait été fait prisonnier dans la région de Bassorah par les Irakiens avec un groupe de journalistes qui étaient entrés dans le sud du pays après la déroute des troupes de Saddam Hussein qui avait été boutées hors du Koweit en février 1991 par une coalition militaire conduite par les Etats-Unis. Il a fait partie récemment d'un groupe d'une vingtaine de journalistes français qui ont participé à un stage de cinq jours dans le sud de la France destiné à les préparer à couvrir une guerre éventuelle contre l'Irak.
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