Le premier président de la Cour des comptes marocaine, Driss Jettou, a considéré, lors d'un exposé sur les activités des juridictions financières au titre de l'année 2018 d'une séance plénière tenue devant le parlement, qu'il est « urgent d'accélérer le regroupement des composantes du secteur audiovisuel au sein d'un pôle public unifié ».
La Cour des comptes insiste sur l'urgence de la restructuration du secteur audiovisuel au Maroc et le regroupement de ses composantes en un pôle public unifié. S'exprimant devant les députés des deux chambres du parlement, le premier président de la Cour des comptes, Driss Jettou, a déclaré que la Cour qu'il préside considère que « nous avons pris beaucoup de retard en termes de prise d'initiative concernant la création d'un pôle public audiovisuel ».
« 13 ans après le lancement des premières étapes de la réforme, ce "pôle audiovisuel public" n'a pas encore été institué », a-t-il regretté.
De plus, la Cour observe que ces deux sociétés publiques, malgré leur situation financière difficile et qu'elles disposent du même président directeur général, elles ne forment pas un pôle unique leur permettant de travailler dans un environnement meilleur en ce qui concerne la coordination et la complémentarité des activités ainsi que l'économie dans la gestion des ressources.
Du point de vue de la Cour, le paysage audiovisuel bénéficie d'un grand intérêt de la part des différents milieux de l'opinion publique, de même qu'il connaît des défis hautement importants, en raison des attentes du citoyen pour un service public de qualité et en amélioration continue au niveau supérieur requis. Ces défis concernent également le contexte de la concurrence aiguë que vivent les deux sociétés du fait de l'expansion accrue des activités des grandes chaînes satellitaires étrangères et de la multiplicité des médias modernes de communication.
Dans son exposé, Driss Jettou a souligné que « la situation financière des deux sociétés publiques s'avère très délicate. Le résultat net de la SNRT s'est dégradé de façon considérable en 2012, année au cours de laquelle le déficit enregistré avait atteint 146, 35 millions de dirhams (137 millions d'euros) ».
Il a noté dans ce sens que « malgré la légère amélioration au cours des années suivantes, la société fait toujours face à d'énormes difficultés pour stabiliser sa situation financière ».
En ce qui concerne la SOREAD-2M, le rapport de la Cour indique qu'« elle connaît une détérioration encore plus grave, car elle enregistre depuis 2008 des résultats négatifs, la société a subi une perte annuelle en moyenne de l'ordre de 100 MDH durant la période 2008– 2018, ce qui l'empêche de procéder aux investissements indispensables pour moderniser ses diverses structures ».
Concernant les ressources financières, la SNRT compte essentiellement sur les subventions de l'Etat qui ont atteint en 2018 un montant de 931 Millions DH, alors que les ressources propres de la société provenant surtout de la vente des espaces publicitaires restent modestes, elles n'ont guère dépassé les 13 % de son financement depuis 2013.
En revanche la SOREAD-2M s'appuie pour son financement de façon substantielle sur les produits de la publicité, les subventions de l'Etat ne dépassant pas en moyenne, depuis 2013, les 50 MDH par an, soit 7 % des ressources de la société.
La Cour considère que le modèle économique appliqué par SOREAD-2M rend difficile la possibilité d'un compromis entre la profitabilité financière et les engagements en matière de service public, sachant que les cahiers des charges exigent des obligations déterminées relatives à la diffusion de la publicité.
Partant de son évaluation de la gestion des deux sociétés, la Cour confirme le caractère d'urgence que revêt la restructuration du secteur audiovisuel pour réunir ses composantes au sein d'un pôle public unifié.