La chaîne à péage allemande Premiere, dont les pertes ont été l'une des causes de la déroute de l'empire des allemand Kirch, semble pratiquement sauvée après l'annonce hier d'un accord sur les grandes lignes de sa future structure de capital. La société d'investissement Permira (ex Schroder Ventures Europe) doit prendre le contrôle de la chaîne, des participations minoritaires revenant à la direction de Premiere ainsi qu'à un consortium composé des banques créancières Bayerische Landesbank, HypoVereinsbank et BAWAG, selon un accord de principe. Les détails sont encore en négociation, mais "les discussions se déroulent de manière constructive et ciblée", d'après le patron de Premiere, Georg Kofler. "Il s'agit d'une transaction complexe, dont la réalisation complète va encore demander un peu de temps", a-t-il commenté, précisant que les parties se sont entendues pour "ne parler des résultats que quand la balle sera dans le but". La presse allemande a pour sa part chiffré l'opération à quelque 1,2 milliard d'euros, dont 250 M EUR en liquide, 950 M EUR de reprise de crédits bancaires et une injection éventuelle de 150 M EUR pour permettre à Premiere de tenir son plan d'affaires. La part des banques devrait rester en dessous de 25%, et celle de la direction atteindre quelque 10%, la part du lion revenant à M. Kofler. Une dizaine d'autres intérêts s'étaient manifestés pour la seule chaîne cryptée d'Allemagne, qui a joué un rôle de premier plan dans la faillite du vieux magnat des médias ruiné Leo Kirch. C'est le magnat australo-américain Rupert Murdoch qui avait déclenché les hostilités en tentant de contraindre Kirch au début de l'année de lui racheter ses quelque 22% dans la holding de contrôle de la chaîne, KirchPayTV. Une option de vente que Kirch, asphyxié financièrement, n'a jamais pu honorer. Une à une, toutes les entités du groupe Kirch ont ensuite dû déposer leur bilan, jusqu'à l'étoile de l'empire en avril, KirchMedia, qui rassemblait les activités les plus lucratives (la gestion de droits sportifs et télévisés, et le bouquet de chaînes en clair ProSiebenSat.1) et est aujourd'hui en cours de démantèlement. Seule Premiere, déficitaire depuis sa création au début des années 1990 et dont les pertes atteignaient au printemps deux millions d'euros par jour, aura finalement échappé à la faillite. Au prix d'une restructuration drastique: pour redresser la barre, Georg Kofler a taillé massivement dans les effectifs, avec 1.000 suppressions d'emplois ayant déjà été annoncées sur un total de 2.400. Une politique agressive de publicité et d'offres d'abonnements pour tenter d'attirer de nouveaux clients a également été lancée. "Nous nous dirigeons à pas de géants vers le seuil de 2,6 millions" d'abonnés, s'est félicité jeudi M. Kofler, précisant tabler sur une croissance à deux chiffres de son chiffre d'affaires au quatrième trimestre. Premiere a par ailleurs entrepris de renégocier ses contrats avec les studios hollywoodiens, négociés au prix fort au début des années 90 et qui depuis plombaient sa trésorerie. Elle a ainsi annoncé jeudi un contrat de cinq ans avec Columbia et Paramount, qui vient s'ajouter à ceux déjà signés avec Fox, Dreamworks, Universal, Metro-Goldwyn-Mayer (MGM) et Warner. Et son patron s'est dit confiant de s'entendre bientôt avec le dernier d'entre eux, Disney. Une batterie de mesures qui devraient permettre à la chaîne de revenir aux bénéfices d'ici deux ans, quand il y a encore sept mois, tous les experts la jugeaient condamnée.
Rédaction
20 décembre 2002
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