Le bouquet satellitaire TPS et ses deux actionnaires, TF1 et M6, sortent affaiblis de la décision de la Ligue de football professionnelle (LFP), qui les oblige, s'ils veulent conserver un peu de football, à s'entendre avec Canal+, engagé pour sa part dans une dépense colossale. En décidant de "laisser la porte ouverte à TPS" en invitant les deux concurrents à se partager l'exclusivité du paiement à la séance (lot numéro 3 de l'appel d'offres), Frédéric Thiriez, président de la LFP, a laissé une chance au bouquet de TF1 et M6 de rester présent sur le marché du football. La question est maintenant de savoir ce que peut réellement espérer TPS de ses négociations avec Canal+. Les lots 1 et 2 (qui représentent l'ensemble des matches de la Ligue 1) sont théoriquement hors des discussions, mais comme ils ne sont pas encore "attribués" officiellement, TPS va sans doute tenter d'obtenir de Canal+ une redistribution des cartes. Mais Canal+ ne semble guère disposé, du moins aujourd'hui, à "lâcher" quoi que ce soit sur les lots 1 et 2. "Ma préférence, c'est l'exclusivité totale (donc les lots 1, 2 et 3, NDLR)", a déclaré à l'AFP Xavier Couture, président du directoire de Groupe Canal+. Elle coûterait cependant plus chère au groupe (480 millions d'euros), qui reste toujours dans une situation financière difficile. En partageant l'exclusivité du paiement à la séance, Canal+ ne débourserait "que" 430 M EUR. "Décider de payer encore moins en laissant à TPS, par exemple, le match du lot 2, pourrait être une option intéressante", déclare à l'AFP une analyste financière d'une grande banque européenne. Mais cela ne semble pas être le choix de Canal+. "Nous avons décidé de concentrer nos efforts sur des droits de retransmission totalement exclusifs", affirme M. Couture, précisant que les dépenses de la chaîne pour les manifestations non exclusives seraient moins élevées. Pour M. Couture, la proposition de 480 M EUR "répond à des calculs économiques précis. Nous l'avons fait en connaissance de cause, dans l'intérêt global de l'entreprise", ajoutant que "les investissements dans le football ne viendront pas empiéter sur ceux des autres types de programmes", comme le cinéma ou la grille en clair. Pour TPS, même si la porte du football reste entrebaillée, c'est un échec. Ses dirigeants ne faisaient d'ailleurs aucun commentaire sur la décision de la LFP. Certes, elle n'aura pas à débourser des millions d'euros comme son concurrent, et ses abonnés le choisissent d'abord pour son offre cinéma (alors qu'ils sont 45% à s'abonner à Canal+ pour le football). Mais une perte éventuelle du football ne manquera pas de provoquer des désabonnements et donc de repousser l'atteinte de l'équilibre financier. "Sans compter que s'il doit un jour y avoir une fusion entre TPS et CanalSatellite, TPS ne sera pas en position de force si elle n'a pas de football à offrir", remarque l'analyste financière.
Rédaction
17 novembre 2002
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