Jean-Claude Brialy interprète avec élégance et brio dans "Le hasard fait bien les choses" un universitaire suisse homosexuel honteux, qui va finir par dire la vérité à son entourage professionnel et amical, après avoir été nommé tuteur d'un adolescent. Diffusée ce soir à 20H50 sur France 2 cette fiction de Lorenzo Gabriele a été tournée à Genève et, sous des dehors de comédie, dit des choses graves. Le jeune Julien Bravo (Antoine) et Sabine Haudepin en délicieuse fofolle, "femme officielle" de l'universitaire homosexuel, donnent la réplique à Jean-Claude Brialy (Jean-Pierre Muller). Celui-ci apprend un beau matin qu'il est désigné d'office par le tribunal cantonal comme tuteur d'un jeune garçon orphelin. Spécialiste de littérature féminine helvétique, officiellement "marié" avec Alice, une amie avec laquelle il ne vit pas, il file le parfait amour avec Armando, un kiné d'origine cubaine. Jean-Pierre s'étrangle à l'arrivée de la notification du tribunal. Il dispose de trois mois pour renoncer au tutorat et, après avoir fait connaissance avec le jeune Antoine, odieux à souhait, il va se plaindre au juge qui lui envoie une enquête sociale. Dès lors les quiproquos s'enchaînent, sur fond de non-dits et de choc de générations. Pour les besoins de l'enquête, Jean-Pierre renoue avec Alice qui débarque alors qu'elle est déprimée par une rupture avec son amant. La vie cachée de Jean-Pierre ne va pas le rester longtemps, alors qu'il est à l'apogée de sa carrière universitaire. Cette comédie rondement menée pourrait être une pièce de théâtre, traitée avec sensibilité et servie par des dialogues ajustés de Philippe Le Dem. Jean-Claude Brialy confie qu'il a élevé pendant dix ans deux enfants qui lui ont ensuite été repris par leur mère, "un épisode de ma vie beau et douloureux", dit-il. Le comédien, directeur du théâtre des Bouffes-Parisiens, interprétera prochainement pour France 2 un président de cour d'assises "Le président Ferrare". Actuellement sur scène au théâtre du palais Royal ("Poste restante"), il regrette qu'à la télévision "on sacrifie le théâtre", estimant que "Bérénice" (diffusé sur ARTE) et "Ruy Blas" (France 3), avec Carole Bouquet et Gérard Depardieu, sont des "cas à part". "Il est bien que de grands acteurs se paient le luxe de se faire plaisir et de nous faire plaisir", ajoute le comédien qui a réalisé pour France 3 "Georges Dandin" (1996) et "La dame aux camélias"(1997). Très disert, il ne se fait pas prier pour conter des anecdotes, rappeler qu'il connaissait bien Georges Pompidou quand il était Premier ministre. Révélé dans les années 60 dans "Le beau Serge" et "Les cousins" de Chabrol, il aimerait bien aujourd'hui jouer le rôle d'un grand chef comme Bocuse."Je suis à un âge où il y a de la concurrence avec des acteurs comme Rochefort, Marielle, Noiret, Claude Brasseur", dit-il, en ajoutant, malicieux, qu'il a encore dans ses tiroirs des projets de Téchiné, Chabrol ou Miller. Son autobiographie "Le ruisseau des singes" (laffont) a été meilleure vente de l'été 2002 dans la catégorie Essais/Documents.
Rédaction
20 novembre 2002
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