Les professionnels de l'audiovisuel réunis jusqu'à samedi à Barcelone pour le 14ème Forum européen de la télévision et du cinéma, ont appelé la Commission européenne à être plus ambitieuse, moins tâtillonne et davantage attentive aux particularismes des marchés nationaux. A la question posée par la dernière table ronde du Forum, samedi matin, "L'approche pan-européenne de l'audiovisuel est-elle suffisante?", les participants ont répondu que leur préférence allait à une approche nationale. "La Commission européenne devrait suivre davantage les recommandations des ministres nationaux de la Culture et de la Communication, ainsi que les rapports des parlementaires européens", a ainsi estimé Lennart van der Meulen, de la Commission néerlandaise des médias. Vincent Jamois, de l'unité de politique audiovisuelle de la direction "Education et Culture" à la Commission, a rappelé pour sa part que la réforme de la directive Télévision sans frontières (TSF), principal texte réglementaire européen sur l'audiovisuel, avait été reportée pour laisser la place en 2003 à une vaste concertation avec les professionnels du secteur. Pour M. Van der Meulen, ce report est "ridicule. Ce n'est pas le moment d'attendre, mais d'agir", a-t-il lancé, appelant à "donner davantage d'indépendance aux chaînes et à soutenir beaucoup plus fortement la production de contenus nationaux et locaux". Un réexamen de la directive qui coïncidera, comme l'a fait remarquer Joan Botella, du Conseil de l'audiovisuel catalan (CAC), avec les négociations de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC), desquelles sont jusqu'ici exclus cinéma et audiovisuel, au nom de la fameuse "exception culturelle". "Il est indispensable que la Commission agisse de façon cohérente sur les deux dossiers", a estimé M. Botella. Outre le problème de la directive TSF, l'épineux sujet des aides publiques nationales, réglementées par Bruxelles et attentivement surveillées par la Direction générale de la concurrence (DGC), a également été évoqué. Pour Jacques Peskine, président de l'Union syndicale française de la production audiovisuelle (USPA), cela ne fait aucun doute, "les outils d'analyse de Bruxelles sont radicalement inadaptés, ce qui pourrait avoir des conséquences catastrophiques sur le secteur". "Le financement public (peu ou prou limité à 50% par Bruxelles, ndlr) est indispensable, il est la condition même de l'existence de l'industrie audiovisuelle", dit-il. Il en va de même pour le cinéma: "Bruxelles n'a pas encore compris que lorsque le gouvernement danois donne de l'argent à Lars von Trier pour faire un film, il n'enlève rien à Nanni Moretti en Italie". D'autre part, côté diffuseurs, "le raisonnement de Bruxelles, qui veut lier le montant des aides à des obligations réglementaires est faux", affirme-t-il. "Beaucoup de diffuseurs ont des obligations réglementaires fortes sans pour autant avoir besoin de fonds publics pour les assumer". Pour M. Peskine, l'audiovisuel devrait donc "sortir du champ de compétence des services européens de la concurrence". Par ailleurs, selon lui, "l'Union européenne devrait avoir pour fierté d'aider les Etats à soutenir leurs industries audiovisuelles nationales, par exemple en versant un euro quand l'Etat en verse un". Il est rejoint en cela par M. Van der Meulen, qui estime que "la Commission devrait apparaître comme le grand défenseur du service public".
Rédaction
13 octobre 2002
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