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5 questions à Darius Rochebin, journaliste et présentateur à la RTS

Jean-Louis GAILLARD
16 décembre 2016 à 15h00  
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En exclusivité pour TÉLÉ SATELLITE ET NUMÉRIQUE, une interview de Darius Rochebin, journaliste et présentateur à la RTS, Radio Télévision Suisse.

La RTS a son siège à Genève. Elle diffuse deux chaînes francophones de télévision RTS1 et RTS2 ainsi que des programmes radio. Nous reviendrons prochainement sur un reportage détaillé sur les studios, régies et modes de diffusion de ces émissions.

La RTS francophone fait partie de la SRG SSR qui englobe aussi la RSI, italophone et la SRF, germanophone. Sept chaînes sont ainsi diffusée en HD, RTS1 , RTS2, RSI1, RSI2, SRF1, SRF2 ainsi qu'une chaîne en langue romanche, RTR diffusée par SRF. Cette particularité linguiste est tout à fait originale pour ce pays.

Les téléspectateurs suisses peuvent recevoir ces chaînes par la TNT, le câble, la fibre ou encore par le satellite Hotbird à 13 degrés est, avec un cryptage Viaccess.

Le journal télévisé de 19h30, appelés en Suisse « Le Télé Journal », est repris par TV5 MONDE ainsi que la très célèbre émission « Pardonnez-moi » diffusée chaque dimanche sur RTS1 pour laquelle la liste des invités serait trop longue à citer ici. C'est pourquoi nous avons décidé d'interviewer Darius Rochebin, en 5 questions, sur ces sujets. Il nous a reçu très chaleureusement et répondu très simplement à ces questions ; en voici le compte-rendu :

Darius Rochebin bonjour ; merci tout d'abord de nous accorder cette interview pour TÉLÉ SATELLITE ET NUMÉRIQUE.

TÉLÉ SATELLITE ET NUMÉRIQUE : Au-delà des téléspectateurs suisses et frontaliers français qui vous connaissent bien, vos journaux télévisés sont diffusés par TV5 depuis 1998, notamment par satellite. Donc les lecteurs et internautes de TELE SATELLITE vous connaissent forcément aussi, mais certains peut être pas assez : pouvez vous vous situer dans le paysage audiovisuel suisse ?

DARIUS ROCHEBIN : Le journal de la télévision suisse a cette chance d'être ancré en Suisse puisque nous sommes télévision nationale, et en même temps diffusé sur TV5 Monde touchant tous les pays francophones. Donc cela nous donne deux fenêtres qui se complètent dans un pays, la Suisse, qui est assez découpé, puisque vous savez qu'il y a la suisse romande, italienne et allemande ; nous sommes reçus par tout le public mais avec plus d'attention par les suisses romands , les suisses alémaniques et italiens sont beaucoup moins nombreux à nous entendre. Mais ca donne une position qui est très enviable parce que notre journal fait entre 55 et 60% de part de marché, ce qui est devenu assez rare en Europe avec un amoncellement de chaînes de télévision. Cette audience est supérieure aux taux d'audience des journaux alémaniques et italiens ; quant à la part de téléspectateurs elle est le reflet de la répartition démographique : il ya environ 1,5 millions de suisses romands. (NDLR La Suisse compte plus de 8 300 000 habitants, répartis linguistiquement avec les germanophones pour 63,7 %, les francophones pour 20,4% et les italophones pour 6,5 %).

TÉLÉ SATELLITE ET NUMÉRIQUE : Omniprésent sur le « TJ » de 19h30, votre émission « Pardonnez-moi », diffusée chaque dimanche, vous donne encore davantage d'écoute. Que représente pour vous cette émission ?

DARIUS ROCHEBIN : « Pardonnez-moi », c'est une émission d'entretien qui permet de prendre beaucoup plus de temps avec un invité puisqu'elle dure 25 minutes, et donc d'approfondir une discussion qui s'oriente aussi vers le portrait, puisqu'en 25 minutes on ne parle pas seulement de l'actualité, de la promotion d'un livre ou d'un film, on parle vraiment du portrait d'une personne. Et évidemment pour un journaliste c'est assez stimulant parce que, surtout dans l'audiovisuel peut-être, l'interview c'est un exercice assez complet : c'est une forme d'écriture, par certains cotés c'est du reportage, c'est du terrain presque, l'interview !

TÉLÉ SATELLITE ET NUMÉRIQUE : On ne compte pas tous les grands personnages de ce monde, les personnages dans le feu de l'actualité internationale, les écrivains, les artistes que vous avez reçus dans « Pardonnez-moi ». Quel est celui ou celle qui vous a le plus marqué voire impressionné ? C'est une question difficile, vous avez droit à plusieurs réponses...

DARIUS ROCHEBIN : J'ai été beaucoup impressionné par Soeur Emmanuelle, par exemple : il y avait cet espèce de feu dans le regard qu'on souvent les gens très croyants quelque soit leur obédience. D'une façon générale tous les personnages qui sont portés par une conviction très forte sont impressionnants : Vladimir Poutine est très impressionnant pour ça, parce qu'on sent qu'il est porté par sa foi nationaliste russe. J'avais eu le même sentiment avec le Président Iranien Rohani, qui était très intense. Après, il y a parfois des gouts personnels ; je suis très admirateur de Gérard Depardieu : alors voilà c'est un personnage que j'ai beaucoup aimé interviewer ! Souvent il y a aussi des surprises, bonnes ou mauvaises : on s'attend à beaucoup et puis on est déçu, ça c'est le charme des invités ! Une personne ou un événement efface l'autre, très vite !

TÉLÉ SATELLITE ET NUMÉRIQUE : Est-ce que le fait d'être Suisse apporte une certaine neutralité perçue par vos interlocuteurs, voire une facilité ?

DARIUS ROCHEBIN :Le fait d'être suisse modifie pas mal le regard des invités, parce qu'ils ont un préjugé plutôt favorable sur la Suisse au vu cette neutralité ; donc ils se laissent parfois emmener là où ils ne viendraient pas forcément dans leur propre pays. Ca m'est arrivé récemment avec les candidats à la primaire de la droite pour les présidentielles françaises : je posais des questions sur leur religion, ils sont très très timides quand c'est en France même, car c'est un sujet ultra sensible. Mais, étant en Suisse, se disant que c'est un autre public avec d'autres habitudes, ils étaient beaucoup plus à l'aise pour en parler !

TÉLÉ SATELLITE ET NUMÉRIQUE : Vous avez reçu récemment Bernard Pivot qui a déclaré que « les animateurs prennent souvent le pas sur leurs invités ». A l'évidence ce n'est pas votre cas : cela correspond-il à votre vision du métier de journaliste ?

DARIUS ROCHEBIN : Pour moi le journalisme, c'est d'ailleurs une formule de Pivot lui-même, qui dit que l'on doit être l'interprète de la curiosité publique : il apporte cette curiosité parfois de façon très offensive ! Il ne s'agit pas d'être effacé, d'être absent, mais c'est quand même l'invité qui est le centre de l'intérêt et pas le journaliste ! Donc effectivement je trouve toujours gênant quand l'animateur, l'intervieweur prend le pas sur l'invité ! Surtout si c'est un journaliste ; si c'est un chroniqueur ou une émission où l'on vient vraiment pour l'animateur c'est autre chose, parce que là c'est le chroniquer que l'on vient entendre. Mais journaliste d'actualité, vous êtes vraiment au service de l'info et pas le contraire, et très vite, sinon, cela se voit ! Mais ca n'empêche pas qu'il faut avoir une personnalité ! Je prends un exemple comme Elkabbach, qui a le don parfois d'agacer les gens ; pour moi c'est un personnage intéressant parce qu'il a au moins une personnalité très marquée : on l'aime ou on l'aime pas ! Elkabbach, j'aurai tendance à l'écouter parce que c'est vraiment des questions d'Elkabbach, ce n'est pas des questions imposées, répétitives du moment, qu'il va simplement reproduire !

TÉLÉ SATELLITE ET NUMÉRIQUE : Vous êtes je crois un « fan » de tout ce qu'offre les technologies numériques ; le papier et le crayon ont-ils encore un sens pour vous ?

DARIUS ROCHEBIN : J'écris toujours beaucoup à la main ; ca se complète beaucoup. On lit maintenant sur plusieurs supports simultanément : l'écran de l'ordinateur, l'écran plus petit de la tablette, l'écran plus petit encore du smartphone et puis les carnets, les cahiers, les petits papiers, les post it... c'est très sain intellectuellement parce qu'on jongle sans arrêt avec des supports différents. Et c'est lié à l'histoire des médias aussi : les medias se superposent les uns aux autres mais ne disparaissent pas. La radio n'a pas été supplantée par la télé, elle a survécu. Et la télévision ne sera pas, à mon avis, supplantée par Internet ; c'est d'autres circulations d'informations mais elles continueront toutes à vivre à des degrés différents.

TÉLÉ SATELLITE ET NUMÉRIQUE : Nous vous remercions d’avoir répondu à toutes ces questions pour nos lecteurs.

Vous pouvez retrouver toutes les émissions « Pardonnez-moi » à cette adresse et pour illustrer cet interview, retrouvez ici les liens où vous pourrez écouter les personnages qui ont marqué Darius Rochebin : Soeur Emmanuelle (premier et deuxième interview), Vladimir Poutine (première et deuxième partie), Gérard Depardieu, Bernard Pivot.

Jean-Louis Gaillard

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