L'ancien Pdg de Vivendi Universal (VU), Jean-Marie Messier, est dans le collimateur de la justice américaine, à la suite d'une plainte déposée par des actionnaires américains de VU l'accusant de les avoir induits en erreur sur la situation financière du groupe. VU s'est refusé à tout commentaire à la suite de cette offensive judiciaire, qui s'ajoute aux plaintes déposées en France par l'Association de défense des actionnaires minoritaires (ADAM) de Colette Neuville et à celle que se prépare à déposer Deminor, une autre association d'actionnaires présidée par Fabrice Remon. M. Remon a cependant affirmé à l'AFP attendre les conclusions définitives de l'audit sur la situation du groupe commandé par le nouveau Pdg de VU, Jean-René Fourtou, et qui devrait être terminé en septembre. "Nous ne ferons rien avant d'en avoir pris connaissance", a-t-il indiqué. VU est par ailleurs sous le coup d'une enquête de la Commission des opérations de bourse (COB) sur la qualité de son information financière depuis début janvier 2001. Des agents de la COB se sont déjà rendus au siège du groupe à Paris pour vérifier ses documents. Les actionnaires américains, regroupés au sein de Rosenbaum Partners, ont intenté une action à la fois contre VU et M. Messier, dans un contexte de défiance à l'égard des grands groupes aux Etats-Unis. Selon le cabinet juridique Wolf Haldenstein Adler Freeman and Herz LLP, les plaintes ont été déposées auprès d'un tribunal fédéral à New York par les actionnaires estimant avoir été trompés par des commentaires boursiers erronés qui ont gonflé le cours des actions de Vivendi Universal. Les plaignants reprochent par ailleurs à M. Messier d'avoir dissimulé la gravité des problèmes de trésorerie du groupe, induits notamment par des acquisitions qui se sont traduites par un endettement de 18 milliards de dollars. Vivendi Universal étant domicilié à Paris, les plaintes américaines pourraient être renvoyées sur des tribunaux français, indique-t-on de sources judiciaires. Mme Neuville, qui a été déboutée devant le tribunal de Commerce de Paris d'une demande d'expertise du processus de décision au sein de VU, devrait interjeter appel. Elle souhaite savoir "comment ont été prises les décisions qui ont mené à la situation catastrophique" actuelle de VU et connaître "exactement la valeur des actifs et le montant des passifs". Les actionnaires français peuvent intenter des actions à leurs frais, notamment en responsabilité sociale et pour faute de gestion contre l'ancien Pdg de VU. Par ailleurs, contrairement à des informations qui avaient couru peu avant le limogeage de M. Messier le 3 juillet, le conseil d'administration de VU n'a pas le pouvoir de l'exonérer d'éventuelles poursuites pénales. "Ce serait totalement illégal et le conseil d'administration est co-responsable avec le Pdg" de la gestion du groupe, a réaffirmé Mme Neuville. M. Remon a pour sa part estimé que les administrateurs de VU ne pourraient prendre une telle initiative sans s'exposer eux mêmes à des poursuites s'il s'avère que des fautes de gestion peuvent être imputées à M. Messier. Dans une déclaration au journal canadien Globe and Mail, Edgar M. Bronfman, 73 ans, le patriarche de la famille qui a vendu l'empire Seagram à Vivendi, a affirmé, dans son premier commentaire depuis le début des déboires de VU, avoir commis une erreur en cédant son groupe familial à M. Messier. "Il s'est révélé moins bon que nous le pensions", a-t-il dit.
Rédaction
21 juillet 2002
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