RNT : Le Bureau de la Radio ne souhaite pas répondre à l'appel à candidature du CSA
Rédaction
Le Bureau de la radio a annoncé hier, mercredi 9 mai, que dans l'état actuel du dossier, ses membres ne répondront certainement pas à l'appel à candidature que le CSA va lancer aujourd'hui et qu'il envisage tous les recours possibles.
« Nous avons été écoutés, mais pas entendus par le CSA. Depuis que David Kessler a remis son rapport, il n'y a eu qu'une seule réunion avec le CSA. Lancer la RNT alors que le précédent gouvernement était contre et que l'on ne connaît pas la position du futur gouvernement, est une erreur. La moitié des acteurs du marché (Radio France et les radios associatives) ne pourra pas aller sur la RNT sans aides publiques. Il faut savoir ce qu'en pense le futur gouvernement. » estiment les 12 stations nationales réunies au sein du Bureau de la Radio. Les critiques fusent « Le CSA devait lancer la RNT sur trois villes, maintenant on passe à vingt villes. On change de norme. Comment amortir la RNT alors que le passage au DAB+ induit que l'on passe de 50 à 90 radios qui seront diffusées sur la RNT ? Ce n'est pas comme pour la TNT, on a déjà entre 20 et 50 radios en FM. L'offre FM est déjà la plus large d'Europe ! » Une conclusion s'impose pour l'association « le modèle n'est pas viable. Les rapports Tessier et Kessler disent qu'il n'y pas de modèle économique pour la RNT. Le rapport Kessler estime que la RNT va coûter 600 millions d'euros (sur dix ans) la moitié devant être financée par l'Etat ».
La transition sera longue...
Mais les critiques ne s'arrêtent pas là... « On ne connaît pas les coûts de diffusion, encore moins en DAB » enchérit Denis Olivennes, le patron d'Europe 1, qui ajoute « la RNT augmente de trois millions les coûts de diffusion de ses radios. Il n'y a pas eu d'étude d'impact préalable. Nos modèles économiques sont fragiles. On est dans un univers fragile avec des recettes qui se réduisent à cause de la montée en puissance d'internet et de la TNT dont l'offre s'élargit et devient plus attractive. Il faut une étude économique sur le nombre de radios que peut supporter le marché. Il y a un principe de précaution afin de protéger l'univers radio. »
Rachid Ahrab, le conseiller du CSA, minimise le problème économique qui, selon lui, n'existe pas. Mais pour l'association, il ne faut pas nier l'évidence : « La RNT est un échec partout où elle a été lancée. En Grande-Bretagne, moins de 10% de l'audience est passée sur la RNT. À Londres, l'offre FM était moins large qu'à Paris et pourtant la RNT n'est pas une réussite, d'ailleurs, on a même repoussé la date d'arrêt de l'analogique. En Espagne, la RNT est un échec et on est passé de 50 à 20% de couverture du territoire. En Allemagne, où la radio n'est pas nationale, seuls 100.000 postes compatibles RNT ont été vendus en neuf mois « ce qui est dérisoire »
La technique a progressé plus vite que le dossier.... La RNT arrive trop tard. Avec l'IP, la radio est déjà dans la poche des Français et elle permet l'interactivité, ce que ne fait pas la RNT. Alors que la 4G arrive, pourquoi lancer la RNT et dépenser beaucoup d'argent pour une technologie obsolète, qui de surcroît est un échec ailleurs. La conclusion du Bureau de la Radio est simple : « C'est une question de bon sens : la RNT ne s'impose pas. Aujourd'hui, déjà 8% de l'audience de la radio se fait en dehors de la FM.
La RNT passera davantage par la 4G que par l'hertzien
Autre argument : « Avec le grand emprunt, le gouvernement a favorisé l'équipement internet et cela va s'accélérer. La RNT va mobiliser inutilement des ressources publiques ! On ne comprend pas la volonté du CSA de lancer à tout prix la RNT (...), le recours du SIRTI auprès du Conseil d'État a été perdu (...), la loi prévoit la RNT, mais ne l'impose pas ».
Le Bureau de la Radio, qui représente 60% de l'audience française avec ses 4 groupes, envisage tous les recours possibles, et va essayer de convaincre François Hollande.