Le Cinéma soutient Canal + contre Al-Jazeera
Rédaction
Ce soutien s'est effectué par le biais d'une tribune publiée sur le site du quotidien « Le Monde », en date du mercredi 14 décembre 2011.
Elle a été initiée par par la société des Auteurs Réalisateurs.
Voici quelques passages de cette tribune. « ...Si l'annonce du rachat des matchs de La Ligue des champions par Al Jazeera a mis en joie notre nouveau Ministre des sports, elle plonge pour autant le cinéma français et la création audiovisuelle dans son ensemble dans une réelle perplexité, voire une profonde inquiétude.
Avant de laisser notre ancien champion de judo exprimer sa joie, Frédéric Mitterrand, aurait été bien inspiré de lui expliquer en quoi cette bonne nouvelle allait plonger tout le cinéma français dans la consternation. Cher Monsieur Douillet, permettez-nous dès lors de vous expliquer rapidement les conséquences importantes qu'aura ce rachat sur notre économie de la création. Pour cela, il faut que vous compreniez qu'il existait jusqu'à aujourd'hui un écosystème pertinent sur lequel reposait l'alliance subtile du cinéma et du football.
En effet, depuis sa création, Canal+ dispose d'obligations d'investissement vis-à-vis de la création qui sont calculées sur son parc d'abonnés. Ainsi, il est fréquent de dire que le « système CANAL+ » a réussi cette habile alchimie qui fait qu'un passionné de foot participe au financement du cinéma français, de la même manière qu'un fervent cinéphile, de son côté, finance indirectement le football.
Cette dualité d'abonnés a permis le rayonnement de notre cinéma et de notre football français et européen. C'est ce qui a fait les plus beaux jours de l'OM, de l'OL ou du PSG, c'est ce qui fait aujourd'hui que la France est dignement représentée aux Oscars ou primée dans les festivals internationaux de film. Nous sommes même arrivés à ce que la proportion de films indigestes soit équivalente à celle des matchs ratés !
Plus sérieusement, c'est cette fameuse exception Canal+ qui permet au cinéma français d'être encore debout sur ses deux jambes, là où les autres cinématographies européennes ne marchent plus qu'à cloche-pied
...Monsieur le Ministre des Sports, à un moment où pour faire face à une crise économique sans précédent, nous devons maîtriser nos coûts de production, abaisser les salaires des techniciens et des acteurs, demander à nos stars de faire des efforts, nous trouvons indécent de se réjouir que le football se vende au plus offrant, et sans être très regardant, afin de mieux se financer et de pouvoir ainsi augmenter le salaire d'une poignée de joueurs vedettes déjà rémunérées au-delà du raisonnable....
...En ces temps de crises où l'incertitude du lendemain pèse sur les esprits, la culture doit toujours bénéficier d'un régime de protection et rester ce socle commun qui lie les citoyens entre eux et les rapproche.... »