Bill Gates, co-fondateur de Microsoft, s'est échauffé mardi au deuxième jour de sa déposition au procès antitrust contre le groupe, affirmant que les sanctions réclamées par les Etats paralyseront Microsoft en limitant sa capacité à améliorer son logiciel Windows. Le "grand architecte des logiciels" de Microsoft s'en est pris à une clause essentielle des propositions des Etats, visant à empêcher Microsoft de modifier le code de Windows s'il devient incompatible avec des logiciels concurrents, à moins d'avoir "une bonne raison". Cette exception risque précisément, selon lui, de générer "une énorme polémique" en autorisant des concurrents à intervenir à tort et à travers. Toute modification "serait mise en question sans fin", a déclaré Bill Gates, interrogé par Steven Kuney, l'avocat des neuf Etats (Californie, Connecticut, Floride, Iowa, Kansas, Massachusetts, Minnesota, Utah et Virginie occidentale), qui ont décidé de continuer les poursuites contre Microsoft. En novembre 2001, Microsoft avait conclu un accord à l'amiable avec le gouvernement américain et neuf autres Etats. La juge Colleen Kollar-Kotelly en charge du dossier devra décider à l'issue des audiences si elle imposera des sanctions, et lesquelles, contre Microsoft. Elle doit également approuver ou non l'accord à l'amiable. Sous l'oeil attentif de son épouse Melinda, Bill Gates a tenu tête mardi à Steven Kuney, affirmant que "nous avons le droit de faire des erreurs", si une modification apportée à Windows "avec une bonne raison" se révélait inutile par la suite. Critiquant la formulation vague selon lui des sanctions proposées par les Etats, Bill Gates a affirmé qu'il "ne pensait pas que ses avocats puissent lui donner une marche à suivre" pour assurer que Microsoft "ne se retrouverait jamais dans une situation de violation" des sanctions. Steven Kuney a estimé que les déclarations de Bill Gates reflétaient "clairement une lecture erronée" des sanctions proposées par les Etats. L'avocat a également présenté un document datant de 1995 dans lequel Bill Gates affirme, à propos de Netscape et de son logiciel de navigation sur l'internet, victime des agissements de Microsoft: "Nous devons nous mettre au niveau et battre leur produit". "Ca fait partie de mon travail d'étudier" la concurrence et "d'être aussi effrayé que je peux l'être et faire quelque chose à ce propos", a déclaré Bill Gates. Mais il été forcé d'admettre que le réglement à l'amiable conclu avec le département de la Justice empêcherait Microsoft de menacer des sociétés rivales, un comportement largement mis en évidence durant le premier procès qui s'était ouvert en octobre 1998. L'accord à l'amiable "pourrait empêcher ce genre de choses", a déclaré Bill Gates. Steven Kuney a notamment présenté un courrier électronique dans lequel Bill Gates demandait à l'ancien PDG d'Apple dans les années 90, Gil Amelio, "comment (...) annoncer l'annulation de Mac Office", après qu'Apple eut choisi le Navigator de Netscape au détriment du logiciel de navigation Internet Explorer de Microsoft. Le procès, prévu pour durer entre huit et neuf semaines, est dans sa sixième semaine. Bill Gates est le huitième témoin appelé par Microsoft. Les 16 témoins appelés par les plaignants, responsables de la high tech, experts en économie et en informatique, ont affirmé que l'accord à l'amiable était insuffisant pour corriger les pratiques monopolistiques du groupe et que des sanctions plus sévères étaient nécessaires pour l'empêcher d'étendre sa domination dans des domaines au-delà du marché de l'ordinateur personnel (PC).
Rédaction
27 avril 2002
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