Ce reportage m'a vraiment donné envie de m'adresser à des entreprises locales, de petits artisans (quitte à payer plus cher) plutôt qu'à ces broyeurs de dignité humaine.
qui diffuse les 26 et 28 octobre une série de trois documentaires intitulée "La mise à mort du travail", sur la souffrance de salariés et la mécanique implacable qui y conduit, apportant un nouvel éclairage sur l'actualité de France Télécom et d'autres entreprises. Les volets "La destruction" et "L'aliénation" occuperont la première partie de soirée le lundi 26 octobre à partir de 20H35. Suivra "La dépossession" le mercredi 28 octobre à 23H00. La diffusion de ce triptyque a été avancée car "il y a urgence", selon son producteur Christophe Nick. Il poursuit ici son travail sur la violence, entamé avec "Chroniques de la violence ordinaire" sur une cité sensible en 2005 et "Ecole(s) en France" en 2006. Le réalisateur de "la mise à mort du travail", Jean-Robert Viallet, a tourné pendant deux ans en immersion dans les entreprises, rencontrant autant les directions que les employés. Elles sont "un des mondes les plus difficiles à pénétrer", selon les auteurs. Le premier volet alterne des séquences dans la consultation de la psychologue Marie Pezé à l'hôpital de Nanterre, au conseil des prud'hommes de la ville et dans le bureau d'un inspecteur du travail des Hauts-de-Seine. Y défilent des caissières d'un même hypermarché licenciées pour le vol de deux paquets de chewing-gum ou poussées à la démission pour avoir monté une section syndicale. L'une en a perdu ses cheveux et est sous morphine pour des troubles musculo-squelettiques. Une cadre supérieur décrit aussi ses pulsions suicidaires face aux "17% de plus" qui lui sont demandés chaque année en performance. Deux délégués syndicaux d'une société informatique rapportent insultes et menaces de mort reçues de supérieurs. L'épisode se termine sur l'interrogation du Dr Pezé: "pourquoi donnons-nous notre consentement à ces pratiques?" Dans "L'aliénation", est présentée "une entreprise comme une autre", le réparateur de pare-brise Carglass. La part variable du salaire de ses techniciens est fonction de la satisfaction des clients mais la conciliation est impossible avec les records de productivité demandés. Au centre d'appels de Carglass, même dilemme: des téléopérateurs témoignent mettre "leur cerveau entre parenthèses" pendant leur travail de "robot parlant". Enfin, "La dépossession" débute avec la réunion annuelle des commerciaux de Fenwick, fabricant de chariots de manutention, à qui il est inculqué "si vous voyez un concurrent" en train "de mourir au bord de la route, surtout n'hésitez pas à l'achever". La caméra suit deux consultants chargés d'étudier les pratiques des meilleurs vendeurs, qui ainsi participent à leur "propre liquidation", selon le psychiatre Christophe Dejours, intervenant décrypter ces images brutes. A l'usine de Cenon-sur-Vienne (Vienne), d'autres consultants transforment les ouvriers en sportifs de haut niveau en faisant la chasse aux gaspillages. L'organisation du travail sur le modèle Toyota conduit les employés à trouver comment augmenter leurs performances: ils deviennent eux-mêmes responsables de l'intensification du travail. Fenwick a été racheté en 2006 par Goldman Sachs et le fonds d'investissement KKR via un LBO (rachat par endettement), qui impose de générer "du cash", de "se payer sur la bête" avant de revendre au bout de quelques années, explique l'économiste Frédéric Lordon. "Aujourd'hui on est dans un suprême mépris du travail", au profit "du patrimoine et des revenus spéculatifs", conclut Christophe Dejours.
1 commentaire
Ce reportage m'a vraiment donné envie de m'adresser à des entreprises locales, de petits artisans (quitte à payer plus cher) plutôt qu'à ces broyeurs de dignité humaine.