Iran
 

Rédaction
15 juin 2009 à 01h00
Le journal du candidat à la présidentielle iranienne Mir Hossein Moussavi, Kalameh Sabz, a été suspendu, a rapporté lundi le quotidien Sarmayeh, tandis qu'une équipe de télévision espagnole était sommée de quitter le pays. Kalameh Sabz était introuvable en kiosque lundi matin, et Sarmayeh, un journal réformateur, n'a pu en annoncer la nouvelle que par un titre en une. Le journal a renvoyé pour plus d'information à une de ses pages intérieures mais la rubrique consacrée à cette nouvelle était blanche. "Dans chaque imprimerie, des représentants des autorités surveillent ce que les journaux veulent publier et suppriment des titres, articles ou portions d'articles", a dit un spécialiste du secteur des médias, sous couvert de l'anonymat. L'article consacré par Sarmayeh à Kalameh Sabz n'a fourni aucun détail sur le sort du journal, mais a annoncé par ailleurs la suspension de Velayat, un journal de Qazvin, une grosse ville à l'ouest de Téhéran.
Selon Sarmayeh, cette suspension fait suite à la publication d'une caricature, sans autre précision, et d'une plainte pour insulte au président Mahmoud Ahmadinejad. Dimanche dans sa première conférence de presse depuis l'annonce samedi par le ministère de l'Intérieur de sa réélection, dans un scrutin dénoncé par ses adversaires, M. Ahmadinejad a affirmé qu'en Iran "la liberté est proche de l'absolu". M. Moussavi a déposé un recours devant le Conseil des gardiens de la constitution pour annuler les résultats de l'élection de vendredi, qui a été selon lui entachée de fraude. Le journal Asr Eghtesad avait été empêché de paraître samedi matin car il prévoyait de titrer en une: "le vert du printemps se poursuit", dans une référence à la couleur du candidat Moussavi. D'autres journaux avaient été contraints de changer la une de leur édition de samedi pour ne pas être interdits de publication. Concernant la presse étrangère, le gouvernement iranien a sommé une équipe de journalistes de la télévision publique espagnole (TVE) de quitter le pays après sa couverture des manifestations de protestation contre la réélection de Mahmoud Ahmadinejad, a annoncé lundi une de ses journalistes. Dans des déclarations téléphoniques à la radio nationale, qui appartient à la même entité (Radio et Télévision publiques espagnoles, RTVE), Yolanda Alvarez a déclaré que les autorités "nous ont demandé de quitter le pays aujourd'hui". "Nous sommes des témoins gênants (...), ils veulent éliminer tout type de présence de presse étrangère (...), les rues hier soir étaient totalement occupées par les troupes anti-émeutes", a-t-elle ajouté. "Sûrement que s'il n'y a pas eu de répression (jusqu'ici), c'est parce qu'ils savaient que nous étions là", a déclaré Mme Alvarez. Plusieurs médias étrangers ont accusé dimanche les autorités iraniennes d'avoir empêché leurs journalistes de couvrir les manifestations de protestation contre la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad. Deux chaînes de télévision publiques allemandes ont affirmé que leurs journalistes ont été empêchés de couvrir les évènements, tandis que le groupe de radio-télévision britannique BBC a fait état d'un brouillage "en provenance d'Iran" affectant ses émissions au Proche-Orient et en Europe. La chaîne de télévision publique néerlandaise Nederland 2 a indiqué que deux de ses journalistes avaient été arrêtés et sommés de quitter l'Iran. La brève arrestation de deux journalistes belges et la fermeture pour une semaine du bureau de Téhéran de la chaîne Al-Arabiya figurent parmi les tracasseries rapportées par les médias. La BBC a fait état pour sa part d'un "important brouillage électronique des satellites qu'(elle) utilise au Proche-Orient pour envoyer le signal de BBC Persian en Iran". Selon le groupe, les techniciens "ont retracé (l'origine) des interférences et elles viennent d'Iran".
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