Une DS noire se fraye difficilement un chemin dans une rue du Quartier Latin au lendemain d'une nuit d'émeutes. Le décor d'"Adieu de Gaulle, adieu" est planté: nous sommes le 29 mai 1968 et le président de la République Charles de Gaulle a disparu... Avec ce téléfilm réalisé par Laurent Herbiet, Canal+ remplit, ce soir à 20h50, avec succès un pari ambitieux: raconter cette page de l'histoire qui a entraîné une crise politique majeure, et faire pénétrer le téléspectateur dans l'intimité d'un homme, Charles de Gaulle, dépassé par des événements qu'il ne comprend plus. Le projet est parti d'un livre, "La fuite à Baden" d'Hervé Bentégeat. Aujourd'hui encore, des doutes subsistent sur les mobiles de ce voyage bref et secret de de Gaulle à Baden-Baden. Le réalisateur Laurent Herbiet explique avoir voulu "se mettre dans la tête d'un président vieillissant, visionnaire à sa manière, et tout d'un coup déconnecté". Il a voulu montrer "comment un homme élevé dans le 19ème siècle, qui avait tout consacré à son pays, pouvait réagir au soulèvement d'une jeunesse en route vers le 21ème". Pierre Vernier campe un de Gaulle très convainquant, aussi bien dans sa gestuelle que dans la voix. Hasard de l'histoire, Pierre Vernier raconte que lorsqu'il avait 15 ans, le général de Gaulle en visite dans son petit village de Saint-Jean-D'Angely (Charente-Maritime) lui a serré la main en lui disant: "Bonjour mon vieux, comment ça va ?". Il est entouré d'autres excellents acteurs, Didier Bezace qui est Georges Pompidou, Premier ministre incarnant le modernisme, Catherine Arditi (Yvonne de Gaulle) ou encore Gérald Laroche qui joue un Michel Jobert retors, maître des cabinets et des réseaux... Tous les lieux où se déroule l'action ont été reconstitués, l'Elysée comme Matignon ou la Boisserie à Colombey-les-deux-Eglises (Haute-Marne). Ce téléfilm a obtenu le grand prix du festival de Luchon ainsi que le prix d'interprétation masculine pour Pierre Vernier.
Rédaction
20 avril 2009
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