France 2 diffuse ce soir, en HD, à 20h35 "L'affaire Salengro", un mélodrame sur une calomnie meurtrière. Le 17 novembre 1936, Roger Salengro, ministre de l'Intérieur de Léon Blum, se suicide après une violente campagne de calomnie de la presse d'extrême-droite. "L'affaire Salengro", mélodrame politique d'Yves Boisset, retrace fidèlement l'histoire de ce "martyr" du Front Populaire. Réalisateur engagé "obsédé par l'injustice", Yves Boisset ("L'attentat","Dupont Lajoie", "Le juge Fayard"...) a été bouleversé par le personnage de Salengro, incarné avec force par Bernard-Pierre Donnadieu."Aujourd'hui les gens ne connaissent quasiment pas Salengro bien que beaucoup de rues portent son nom. On pense souvent à un résistant... j'ai même un ami qui habite près d'un stade +Salengro+, il croyait que c'était un footballeur!", raconte Yves Boisset.Pourtant à l'époque Salengro, "premier flic de France" et maire de Lille,artisan majeur des accords de Matignon, fut extrêmement populaire: "c'est à lui qu'on doit la semaine de 40 heures, les congés payés, les fondements de la Sécurité Sociale...", souligne le réalisateur. Ses funérailles nationales à Lille ont rassemblé plus d'un million de personnes, "plus qu'à l'enterrement de Victor Hugo", détaille-t-il.Salengro fut aussi l'artisan de la dissolution des milices d'extrême-droite. C'est donc à lui que la presse d'extrême-droite décide de s'en prendre, en août 1936, "sur le mode d'une chasse à courre" comme l'écrit Christian Blanckaert dans "L'affaire Salengro" à paraître aux éditions Michalon. "L'Action Française", le journal de Charles Maurras, puis "Gringoire"(qualifiée par Blum de "feuille infâme"), mettent en cause l'attitude de Salengro pendant la guerre de 14-18, l'accusant d'avoir déserté: à l'époque,la pire des insultes. En fait le 7 octobre 1915, Salengro était allé braver les balles pour récupérer les objets d'un de ses amis gisant sur le front: une attitude au contraire exemplaire... Blum conseille à son ministre d'ignorer ces attaques, en vain: Salengro veut prouver coûte que coûte son innocence. Mais il se montre impuissant face à une presse qui ne le lâche pas. "A l'époque la presse était d'une violence politique et raciste sans commune mesure avec maintenant car aucune loi ne réprimait les injures et la diffamation", rappelle Yves Boisset. A l'Assemblée nationale, les députés soutiennent Salengro lors d'un vote l'une des scènes les plus poignantes du film, tournée dans l'hémicycle.Bien que blanchi, Salengro est à bout. De retour dans son petit appartement lillois, il ouvre le gaz pour aller rejoindre sa femme, morte dix-mois avant,après avoir été, elle aussi, calomniée par les communistes. "Il a été tué (...) par le poison versé en lui jour à jour (...). Il est la victime de l'atroce, de l'infâme calomnie", a dit Blum à son enterrement.Ces propos rappellent ceux de François Mitterrand après la mort de Pierre Bérégovoy. "Comme Bérégovoy, Salengro venait d'un milieu populaire: il ne faisait pas partie du "club", estime Yves Boisset. Le film avait déjà été proposé il y sept ans à France 2. "La chaîne l'avait alors jugé +trop politique+... Mais il prend aujourd'hui une résonance encore plus actuelle", estime Dominique Antoine, la productrice.
Rédaction
14 avril 2009
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