La ministre de la Culture Christine Albanel a défendu, mardi devant les députés, le projet de loi réformant l'audiovisuel public, projet qui suscite des mouvements d'humeur y compris dans les rangs de la majorité et a mis dans la rue plusieurs milliers de salariés du secteur. En fin d'après midi, la ministre a évoqué devant un hémicycle quasi désert un "vrai outil de culture populaire" qui résultera de la transformation de France Télévisions après la suppression de la publicité. Les débats promettent d'être houleux. La gauche est résolument opposée au projet. Le président du Mouvement démocrate François Bayrou a jugé qu'il "mériterait une motion de censure". Et le texte provoque le tumulte jusque dans les rangs de la majorité. "Aller supprimer la publicité qui est un moteur de la consommation au moment où la croissance bat de l'aile, c'est économiquement discutable", a déclaré le rapporteur général de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, Gilles Carrez (UMP), voix écoutée dans son camp. "Je ne voterai pas le financement" de la suppression de la publicité (taxes sur les chaînes privées et les opérateurs mobiles), a-t-il prévenu. "C'est une loi qui déplaît au secteur privé, au secteur public, aux petites chaînes, aux grandes chaînes et à internet", a jugé Claude Goasguen, député UMP de Paris. Sur le terrain, la grève, la troisième depuis le début de l'année, a été bien suivie à France Télévisions. Selon les chiffres définitifs publiés par la direction, le nombre de grévistes était évalué à 43,4% pour tout le groupe. Elle a également perturbé plusieurs stations de Radio France, concernée par le projet de loi, ainsi que RFI particulièrement mobilisée. Sur France 2, le journal télévisé de 13h00, fait rare, a été annulé. Celui de 20h00 "devrait être très certainement raccourci", selon la direction. Les journaux de France 3 et RFO ont également été perturbés ou annulés. 4.000 salariés de l'audiovisuel public selon les organisateurs, 2.000 selon la préfecture de police, ont manifesté de la tour Eiffel au Palais Bourbon contre "la mainmise de l'Etat". Outre la suppression de la publicité prévue après 20H00 à partir du 5 janvier avant sa disparition totale fin 2011, le projet de loi prévoit la désignation des dirigeants de l'audiovisuel public par l'exécutif. Les ténors socialistes Martine Aubry et Benoît Hamon sont venus apporter un soutien remarqué aux manifestants auxquels s'étaient joints producteurs, réalisateurs ou scénaristes. "Ce dont Bouygues a rêvé, Sarkozy l'a fait et il va même plus loin", a pour sa part lancé le député Vert Noël Mamère, très applaudi par les manifestants. "Nous souhaitons une bataille d'amendements. Nous espérons que les députés qui nous soutiennent feront entendre la voix des citoyens", a affirmé à l'AFP Jean-François Téaldi, de l'intersyndicale. Plus de 850 amendements ont été déposés. La ministre de la Culture Christine Albanel a tenté une nouvelle fois de rassurer les opposants au projet, réaffirmant que les 450 millions d'euros destinés à compenser l'arrêt de la publicité seraient "garantis de façon pérenne pour 2009, 2010 et 2011". Le projet est aussi dénoncé par ses détracteurs comme un "cadeau" pour les chaînes privées, vers lesquelles se reporteront les annonceurs. Ces dernières bénéficieront en outre d'une augmentation de la durée des plages publicitaires et d'une deuxième coupure de publicité. Le vote doit intervenir le 9 décembre.
Rédaction
26 novembre 2008 à 01h00
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