Avec sa nouvelle émission "Les infiltrés", ce soir à 22h35, France 2 enquête clandestinement "là où notre société dérape" et présente pour sa première diffusion un document saisissant filmé en caméra cachée dans une maison de retraite. La journaliste s'est fait passer pendant plusieurs semaines pour une aide-soignante en stage afin de pénétrer ou plutôt "s'infiltrer" dans une maison de retraite. A l'aide d'une micro-caméra cachée, elle a filmé à leur insu le personnel et les résidents de l'établissement. Le documentaire dénonce "une pénurie de main d'oeuvre" dans la maison de retraite, qui compte deux soignants de nuit pour 400 lits, mais entend s'attaquer plus largement au sort que la société réserve aux personnes âgées. Le documentaire montre des images de "maltraitance passive" comme l'appellent les producteurs de l'émission: des soignants qui brusquent les résidents et menacent de les attacher, des personnes âgées laissées nues dans leur chambre, d'autres qui n'ont pas reçu de soin depuis deux semaines, ou encore abandonnés devant la télévision. Pour Hervé Chabalier, président de l'agence Capa, qui a produit le magazine, ce document, qui n'a pas été fait "par goût du spectaculaire", "est un choc, mais un choc salutaire". Il assure que l'équipe "n'est pas allée dans la pire des maisons de retraite, mais dans un établissement public classique". "Nous ne mettons pas en cause les employés mais le système", ajoute Hervé Chabalier. Pour David Pujadas, présentateur de l'émission et animateur du débat qui suivra la diffusion du documentaire, il s'agit d'"une situation que tout le monde soupçonne". "Nous sommes un peu tous complices (...) et en plein désarroi par rapport à ce phénomène démographique du vieillissement de la population", estime-t-il. Selon l'Insee, il y a en France 1,4 million personnes de plus de 85 ans. Quant à la méthode utilisée pour réaliser "Les infiltrés", Laurent Richard, rédacteur en chef à Capa en charge de cette émission, s'explique: "Si nous étions allés dans cette maison de retraite avec une caméra classique, il y aurait eu une attachée de presse ou le directeur, et on n'aurait pas eu l'exacte réalité". Laurent Richard souligne qu'il ne s'agit pas seulement d'un documentaire tourné en caméra-cachée: "là, le journaliste ne se contente pas de cacher sa caméra, c'est de l'infiltration. Il change donc son identité pour rentrer à l'intérieur du système". Pour des raisons juridiques, les personnes filmées sont floutées et leur nom changé. Aucune précision n'est donnée sur la maison de retraite: le téléspectateur sait seulement qu'elle se situe à deux heures de Paris. Pour le service juridique de France 2, ce procédé est légal. Cette méthode sera d'ailleurs toujours la même pour "les Infiltrés", dont le prochain sujet traitera du travail au noir.
Rédaction
22 octobre 2008
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