Depuis le passage en début de semaine de l'ouragan meurtrier Hanna sur Haïti, une seule station, Radio explosion, continue de fonctionner dans la ville meurtrie des Gonaïves et se fait la porte-parole des sinistrés.Les nombreux autres médias que compte la ville ont arrêté leurs programmes. Il n'y a plus d'électricité dans cette agglomération du nord d'Haïti, pratiquement coupée du reste de l'île, et particulièrement touchée par l'ouragan qui a fait au moins 61 morts dans le pays.Trente-sept morts ont été recensés dans la région des Gonaïves où de nombreuses maisons ont été détruites par les inondations, obligeant les habitants à vivre pendant plus de 72 heures sur des toits en béton, sans eau potable ni nourriture.«À Radio explosion, nous ouvrons nos micros à tous», dit l'animateur pour relancer son émission. Il énumère le nombre de victimes et les personnes disparues dans les quartiers les plus isolés des Gonaïves. «Dans mon village, Cayon, à 2 km de la ville, il ne reste qu'une dizaine de maisons encore debout», raconte Francillon qui intervient par téléphone cellulaire. Le jeune homme raconte avec des sanglots dans la voix le cauchemar qu'il a vécu pendant ces jours et ces nuits de déluge. Il dit aussi son inquiétude de ne pas avoir revu ses parents depuis trois jours. «Où sont ils?, où êtes-vous ? interroge Francillon avec angoisse. «Où êtes vous?», répète-t-il, la gorge nouée. Beaucoup de familles ont été séparées depuis lundi, quand les pluies diluviennes ont commencé à tomber sur Gonaïves et quand les eaux ont envahi les quartiers. L'animateur du programme, Romano, interpelle à l'antenne les autorités qui ne se sont pas montrées dans les villes et villages sinistrés. «Ou êtes-vous?», accuse-t-il. Le coanimateur du programme glisse en réponse: «aujourd'hui, elles n'ont pas besoin de Cayon, elles viendront en 2011», quand il y aura des élections. Pendant de longues minutes, les commentaires fusent à l'antenne de Radio explosion. Les appels continuent d'arriver aussi au studio et sont directement diffusés. «Nous demandons à Joël d'entrer en contact avec nous», demande un autre auditeur. Et les innombrables appels de détresse qui parviennent à la station sont relayés sur les antennes de la seule voix de la ville des Gonaïves. «Nous sommes fiers de mettre les gens en contact, de faire parler tous les journalistes et reporters qui peuvent nous amener de l'information», relève le responsable de la station. Emmanuela se trouve à Port-au-Prince et n'a pas de nouvelles de ses parents, habitants des Gonaïves. Elle aussi veut tenter de retrouver les siens grâce à Radio explosion. De nombreuses personnes ont été placées dans des abris provisoires, hangars, bureaux, écoles et églises. Ces sinistrés n'ont aucun contact avec leurs proches qu'ils n'ont pas revus depuis plusieurs jours. Et, au fil des jours, l'inquiétude augmente de ne plus revoir un parent, un enfant ou un proche. C'est cette mission que s'est donnée la petite équipe de Radio explosion: informer toute la ville, rapprocher les familles séparées par ce nouveau drame qui frappe les Gonaïves, déjà sévèrement touchées par la tempête Jeanne qui, en septembre 2004, avait fait plus de 3.000 morts au sein de la population.
Rédaction
6 septembre 2008 à 01h00
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