France 5 diffuse ce dimanche un documentaire sur la mort dramatique, le 3 mai 1945, de quelque 8.000 déportés du camp de concentration de Neuengamme (nord de l'Allemagne), entassés par les SS sur des navires puis tués ou noyés dans le bombardement de ces bâtiments en baie de Neustadt, au large de Lübeck, par la Royal Air Force. Un journaliste américain, Lawrence Bond, avait réalisé un film documentaire ("Typhoon's last storm") diffusé il y a deux ans par History channel, chaîne du câble du groupe américain ABC TV, sur cette terrible bavure, jamais reconnue officiellement par la RAF, qui constitue la plus grande catastrophe maritime du 20ème siècle et probablement de l'histoire. Diffusé par France 5 sous le titre "Les morts du dernier jour", ce film apporte des éléments nouveaux sur la responsabilité de la RAF avec les témoignages de pilotes de la RAF qui ont participé au raid et de rescapés de la tragédie. Ultime opération de la RAF durant la Seconde guerre mondiale, moins de 24 heures avant la reddition des armées allemandes dans le nord du IIIème Reich, ce raid avait été mené par des chasseurs-bombardiers Typhoon. Avril 1945, le IIIe Reich s'effondre. Heinrich Himmler donne l'ordre d'évacuer Neuengamme, en trois convois de 45.000 détenus survivants de 24 nationalités. L'un des convois, 14.000 déportés diminués par les privations et les travaux forcés, prend la direction du nord-est vers Lübeck, en train ou par la route. 4.000 d'entre eux mourront en chemin. Dans la région de Lübeck, les SS réquisitionnent quatre navires de commerce allemands, dont deux paquebots, pour y embarquer les 8.000 déportés survivants de la marche. Deux petits cargos, le Thielbeck et l'Athen, font passer les déportés sur un paquebot de luxe allemand de 27.000 tonnes, le Cap Arcona, qui a jeté l'ancre dans la baie de Neustadt à deux milles des côtes, près d'un paquebot de 22.000 tonnes, le Deutschland, aménagé en navire hôpital. Le 3 mai vers midi, une quarantaine de chasseurs-bombardiers Typhoon de la RAF bombardent les quatre bateaux en plusieurs vagues. Le Cap Arcona et le Thielbeck coulent, le Deutschland reste à flots. Les pilotes, persuadés de s'attaquer à des SS ou des dignitaires nazis qui embarquent pour poursuivre la guerre en Norvège, mitraillent les survivants dans l'eau. Le bilan, jamais formellement établi, approche les 8.000 déportés morts (près de 6.000 sur le Cap Arcona avec 300 survivants, près de 2.000 sur le Thielbeck avec 50 survivants). Un monument commémoratif près de Neustadt porte le chiffre de 7.500 déportés morts.
Rédaction
20 janvier 2002
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