Comment mai 1968 a été vécu à Matignon? Edouard Balladur, alors conseiller aux Affaires sociales du Premier ministre Georges Pompidou, nous fait pénétrer dans les coulisses de l'Hôtel de la rue de Varenne, avec le docu-fiction "L'arbre de mai" diffusé ce soir sur France 3 à 23h10 "Tout le monde avait sous-estimé mai 68", assure Edouard Balladur affirmant que la France est pourtant "le seul pays où le pouvoir a failli être renversé". "J'ai eu un sentiment de très grand éloignement. (...) On était enfermé dans un bureau avec des coups de téléphone à donner", explique-t-il, lors de la présentation du docu-fiction aux journalistes. "Ce qui m'a frappé, ça a été de voir certains hommes vaciller. (...) J'ai eu le loisir d'observer comment réagissaient les uns et les autres. Cela a été une leçon d'humanité", ajoute l'ancien Premier ministre français (1993-1995), qui confie avoir beaucoup appris avec cette crise. Le film qui mêle fiction, images d'archives et interviews s'inspire d'un livre écrit par M. Balladur en 1978, également intitulé "L'arbre de mai". Les scènes de fiction ont été tournées dans deux salons au rez-de-chaussée de l'Hôtel Matignon. On y voit un gouvernement qui, dans un premier temps, ne comprend pas ce qui se passe, qu'il ne s'agit pas seulement d'une révolte universitaire. Au début du mois, le Premier ministre Georges Pompidou est d'ailleurs loin de la "poudrière", en visite officielle en Iran et en Afghanistan, et il ne précipite pas son retour. Pour Edouard Balladur le calcul de Pompidou était le suivant: "L'opinion était du côté des contestataires, il fallait renverser la situation". Il choisit "la carte de l'apaisement". Après une quinzaine de jours, l'objectif est atteint. "Les gens en ont eu assez du manque d'essence, de pain, des pavés arrachés dans les rues", raconte M. Balladur. Ce retournement en faveur du pouvoir a été "favorisé par les divisions au sein de la gauche entre communiste et non-communiste". De même, M. Balladur parle des "non-dits" de Grenelle: "Il y a eu une sorte d'alliance entre le pouvoir et les syndicats pour que chacun reprenne sa place". Le documentaire s'arrête également sur "la disparition" de De Gaulle et la la tension qu'elle a provoquée à Matignon. "La trace de son hélicoptère avait été perdue. Toutes les hypothèses ont été envisagées, notamment celle de l'attentat et de l'accident. Personne ne pensait qu'il était allé à Baden-Baden", se souvient Edouard Balladur. "Pompidou a mal vécu cet épisode", ajoute-t-il. Il avait souffert de ne pas avoir été mis dans la confidence du général. Et de conclure: "la France s'en est finalement bien sortie, il n'y a pas eu de répression violente et le gouvernement est resté en place". Avec "L'arbre de mai", Endemol, jusqu'ici surtout connu pour ses émissions de télé-réalité et de divertissement, produit son premier docu-fiction. La société de production a d'ailleurs l'intention de développer à l'avenir fictions et documentaires.
Rédaction
25 mai 2008
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