Le Vietnam se prépare au lancement sur orbite de son premier satellite, un projet de longue haleine souvent retardé mais hautement symbolique dans l'intégration internationale du pays communiste. Le lancement, prévu le 12 avril "vers 05H30" locales (la veille à 23H30 GMT) par une fusée Ariane 5 depuis le centre de Kourou en Guyane française, a été officiellement annoncé mercredi par le maître d'oeuvre du programme, le groupe des Postes et Télécommunications du Vietnam (VNPT). La date pourrait toutefois évoluer si les conditions ne sont pas optimales le jour J. Pour Arianespace, qui sera aux commandes, l'important est "un lancement réussi". S'il le faut, "nous n'aurons aucune hésitation à attendre un jour ou deux", a indiqué Richard Bowles responsable du groupe pour l'Asie du Sud-Est. Le projet, d'un coût estimé à quelque 300 millions de dollars (195 millions d'euros) par VNPT, est dans les tuyaux depuis plus de 10 ans. Avant la signature du contrat de fabrication de l'appareil avec l'Américain Lockheed Martin en mai 2006, il avait accumulé les retards, en raison notamment de problèmes de coordination de fréquences avec les satellites déjà en orbite dans la région. Le satellite vietnamien de quelque 2,5 tonnes et dont la durée de vie est estimée entre 15 et 20 ans disposera de 20 modules de communications pour la transmission, réception de chaînes de télévisions, données internet et téléphoniques. VNPT espère un retour sur investissement en neuf ou dix ans et promet des économies à ses clients, qui, selon lui, ont dépensé "d'importantes sommes en monnaies étrangères pour louer des satellites russes, australiens, thaïlandais". Le Vietnam entend aussi utiliser l'appareil pour désenclaver ses régions reculées en marge du boom économique national et mieux gérer les catastrophes naturelles comme les typhons, qui dévastent ses côtes tous les ans. Le pays communiste, qui enchaîne des taux de croissance annuelle de l'ordre de 8%, attire en masse les investisseurs étrangers. VNPT estime aujourd'hui à respectivement 80, 25 et 52% les taux de pénétration de la télévision, de l'internet et du téléphone sur le territoire. Mais, dans un pays en manque cruel d'infrastructures, les signaux de réception, la vitesse de l'internet laissent encore à désirer. Le satellite va certes "donner de la flexibilité" au pays, permettre "de faire des économies sur le long terme", relève un observateur du secteur. Mais, dans la mesure où le Vietnam louait déjà des capacités satellitaires, cet expert ne prévoit pas vraiment de changement "spectaculaire". L'affaire est surtout "très politique, (le Vietnam) entre dans un club", relève-t-il. Après l'entrée à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) l'an dernier, l'obtention d'un siège non permanent au Conseil de sécurité des Nations unies cette année, ce premier satellite a en effet forte valeur symbolique. Le lancement est "un événement déterminant dans le processus d'intégration du Vietnam dans le monde", s'est félicité Nguyen Ba Thuoc, vice-président du conseil d'administration de VNPT. Si le lancement est couronné de succès, le pays communiste deviendra le sixième d'Asie du Sud-Est à posséder un satellite sur orbite, après l'Indonésie, la Malaisie, les Philippines, Singapour et la Thaïlande. Dans les stations de contrôle au sol installées près de la capitale Hanoï au nord et de Ho Chi Minh-Ville, l'ex-Saïgon et capitale économique au sud, les équipes vietnamiennes, formées à l'étranger, peaufinent leur préparation. Après le lancement, elles seront épaulées pendant au moins six mois par des experts de Lockheed Martin et du luxembourgeois SES-Global, premier opérateur privé mondial de satellites employé comme sous-traitant sur le projet.
Rédaction
11 avril 2008
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