Coulisses de l'histoire récente, destins exceptionnels, faits de société, les fictions françaises et européennes présentées en compétition au 21e Festival international des programmes audiovisuels (FIPA), puisent largement dans le réel pour lutter contre la concurrence des séries américaines. Candidate avec deux fictions sur les dix sélectionnées à Biarritz, la France propose "Clémentine", réalisée par Denys Granier-Deffere, le destin exceptionnel, mais vrai, d'une prostituée pendant la Seconde guerre mondiale. Née dans la misère, mise sur le trottoir par son frère qui a, avec elle, des relations incestueuses, raflée par la police de Vichy, elle accepte de partager le sort des déportées juives à Ravensbrück, où sa générosité et son courage en aideront plus d'une à survivre à l'horreur des camps. Alors qu'on envisage de lui donner la Légion d'honneur, elle retourne à la prostitution et recueille un jeune garçon. Elle sera jugée et condamnée pour détournement de mineur. L'autre fiction française, "Le septième Juré", se fonde aussi sur une histoire vraie, celle de Grégoire Duval (Jean-Pierre Daroussin), meurtrier d'une jeune femme. Le dernier amant de la victime, Khader Boualam, est accusé à sa place et Grégoire Duval se retrouve juré au procès de l'assassin présumé. Le souci de faire revivre l'histoire récente est manifeste dans l'ambitieuse série (quatre fois 52 minutes) de Marcel Bluwal, "A droite toute", qui raconte l'histoire de l'industriel Salmon et de sa famille et, à travers ce destin particulier, la montée de l'extrême-droite française de 1935 à 1939 et la naissance de la "Cagoule". Marcel Bluwal se met lui-même en scène à l'âge de 5 ans pour expliquer qu'il veut ainsi exprimer sa "colère" d'avoir vu un homme mourir de faim près de chez lui, quand il était enfant. Venus d'Allemagne, du Canada, d'Autriche, du Royaume-Uni, d'Ukraine, de Suisse et de Pologne, les autres fictions en compétition sont elles aussi souvent ancrées dans les faits réels, l'histoire ou la politique. Sur les dix fictions retenues, quatre traitent directement de l'histoire politique et trois de terrorisme ou d'intégration. La participation autrichienne, présentée par une ancienne journaliste devenue réalisatrice, Elisabeth Scharang, s'intéresse à Franz Fuchs, auteur d'une série d'attentats à la lettre piégée, et rouvre le dossier, dix ans après son arrestation. Le délégué général du FIPA Pierre-Henri Deleau se félicite que l'"on commence enfin à voir des sujets contemporains". "Quand la fiction utilise des documents et s'appuie dessus, les choses sont formidables", a-t-il expliqué à l'AFP. Mais, selon lui, "c'est une arme à double tranchant qu'il faut utiliser avec perspicacité et talent". La télévision française avait déjà montré au début de l'année qu'elle n'hésitait plus à se lancer dans des sujets polémiques, avec notamment la diffusion récente sur France 2 d'un film sur l'affaire Ben Barka, présenté comme une fiction, mais qui a néanmoins suscité la colère de la famille de l'opposant marocain disparu. Le FIPA, ouvert mardi et qui dure jusqu'à dimanche, est une vitrine pour les programmes audiovisuels du monde entier, avec plusieurs compétitions et des débats entre professionnels.
Rédaction
28 janvier 2008
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