Galileo
 

Rédaction
28 novembre 2007

Les pays de l'UE devraient enfin donner jeudi leur feu vert au système européen de localisation par satellite Galileo , à condition de venir à bout des dernières revendications nationales sur le partage des futurs contrats industriels. Eurodéputés et ministres européens du Budget avaient éliminé vendredi soir le premier obstacle majeur pour Galileo, qui accumule déjà retards et dépassements de coûts. Ils sont tombés d'accord pour financer intégralement sur le budget communautaire 2007 et 2008 les 2,4 milliards d'euros qui restaient à trouver. Les deux-tiers de cette somme proviendront des fonds agricoles non utilisés cette année, le reste sera tiré d'autres programmes de recherche l'an prochain. Ainsi, la future constellation de 30 satellites de Galileo doit en partie son salut aux cours élevés des céréales devenues moins gourmandes en subventions européennes. Pour la présidence portugaise de l'Union européenne, "un grand pas en avant a été accompli" avec l'accord inattendu sur le financement budgétaire. Les ministres des Transports, réunis jeudi à Bruxelles, vont maintenant devoir dégager "un compromis sur la substantifique moelle": comment organiser la mise en concurrence de l'industrie européenne à travers les futurs appels d'offres? "L'équilibre doit être trouvé entre les règles de concurrence et le fait qu'un certain nombre d'entreprises ont déjà travaillé sur le projet depuis sept ans", explique la présidence de l'UE. Fustigé pour ses rivalités et ses lenteurs, un consortium composé en 2000 des huit fleurons de l'industrie spatiale européenne avait été écarté en juin du financement mixte public/privé envisagé à l'origine pour Galileo. Ce sont toujours les mêmes, plus de nouveaux intervenants de taille plus modestes, qui vont se retrouver en compétition pour s'adjuger les contrats du projet de radionavigation par satellite financé désormais par les seuls contribuables européens. Pour l'instant, la Commission européenne a divisé le gâteau en six lots - satellites, lanceurs, logiciels, relais au sol, centres de contrôle, gestion de l'ensemble. Ils sont assortis de règles de non cumul (pas plus de deux par groupe) et d'obligations de sous-traitance (à hauteur de 4°%), de quoi faire participer aussi un certain nombre de PME. Dans un secteur très concentré et spécialisé, certaines entreprises restent incontournables pour chapeauter des lots spécifiques. L'Allemagne entravait le projet depuis six mois, en réclamant "un juste retour" des investissements consentis pour des sites situés sur le sol allemand. Elle réclamait en vain, jusqu'à s'isoler dangereusement de ses partenaires européens, un financement public des seuls gouvernements intéressés par Galileo. Berlin - paradoxalement la seule capitale à avoir voté contre le budget de Galileo vendredi soir après avoir tenté de rallier d'autres pays pour former une minorité de blocage - s'est déclarée plutôt satisfaite des garanties apportées par Bruxelles concernant la participation de ses industriels au futur système Galileo. Dans l'état actuel des choses, l'Allemagne devrait ainsi se retrouver chef de file, via la société Astrium (filiale d'EADS), pour la construction des 26 satellites (qui viendront s'ajouter aux quatre premiers déjà inscrits dans la phase initiale). Elle doit aussi disposer d'un des deux centres de contrôle au sol, avec l'Italie. Or selon une source diplomatique, certains réclament de partager les satellites en deux lots pour permettre à d'autres d'entrer dans la course. L'Espagne, qui se sent lésée et s'est abstenue vendredi sur le vote du budget, revendique pour sa part un centre de contrôle au sol, chargé notamment de la sécurité des navires. Reste à voir si de tels ajustements ne sèmeront pas à nouveau la discorde.

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