Un soutien des Etats européens est "nécessaire" pour garantir aux fusées Ariane "des conditions de compétition équitables" face à la concurrence américaine, souligne la société Arianespace à l'approche du conseil ministériel de l'Agence spatiale européenne (ESA). Ce conseil, qui réunira mercredi et jeudi à Edimbourg (Grande-Bretagne), les ministres chargés de l'Espace des pays membres de l'ESA, devra statuer sur une série de futurs programmes spatiaux européens d'un montant global de l'ordre de 10 milliards d'euros. Environ 20% de cette enveloppe doivent être réservés au transport spatial, essentiellement à la dernière-née des fusées Ariane-5. Un des grands thèmes du conseil d'Edimbourg sera la phase finale du programme "Ariane-5 Plus", avec la mise en chantier de l'étage supérieur cryotechnique (à oxygène et hydrogène liquides) rallumable, qui doit permettre à la fusée Ariane-5 d'envoyer, à partir de 2006, une charge utile de douze tonnes vers une orbite géostationnaire et de répondre ainsi à l'évolution du marché et des satellite. Mais "la pérennité du système Ariane" ne pourra être garantie que si des "conditions de compétition équitables sont mises en place", prévient Arianespace qui, tout en étant une société privée, reste associée, à l'instar des autres opérateurs de lanceurs, américains notamment, aux décisions des pouvoirs publics. "Si notre travail quotidien est majoritairement consacré au service de clients commerciaux, il ne faut jamais perdre de vue que l'intervention des Etats est, depuis l'origine, l'un des piliers qui assure l'équilibre du système", martèle souvent le PDG d'Arianespace, Jean-Marie Luton. Selon les prévisions d'experts, les fusées américaines Atlas et Delta devraient effectuer, dans les vingt prochaines années, 118 missions gouvernementales, ce qui représenterait plus de 50% des vols des deux lanceurs, alors que la part gouvernementale du "camembert" d'Ariane ne devrait pas dépasser les 10%. Aussi, la société considère qu'un soutien des gouvernements est "nécessaire au rétablissement d'un équilibre". Elle relève en outre que même si deux programmes doivent faire baisser le coût d'utilisation du site de Kourou de 12 à 3 millions d'euros par lancement, ce dernier montant correspond toujours au double de ce qui est facturé aux Etats-Unis (l'équivalent de 1,5 million d'euros). Evoquant l'éventualité des tirs du lanceur russe Soyouz (déjà exploité, à Baïkonour, par la société franco-russe Starsem, dont Arianespace est actionnaire) depuis Kourou, les responsables d'Ariane refusent de l'y voir autrement que "dans le cadre d'une exploitation commerciale et opérationnelle", complémentaire Ariane-Soyouz et gérée exclusivement par eux-mêmes. En outre, demandent-ils, les Etats européens et la Russie doivent prendre en charge largement les investissements d'infrastructure qui en découleraient et qui sont estimés entre 250 et 300 millions d'euros.
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