La Commission de la Concurrence britannique a laissé entendre mardi qu'elle pourrait ordonner au bouquet satellitaire BSkyB de revendre la part de 17,9% de son concurrent ITV achetée sans crier gare l'année dernière, qui lui paraît réduire la concurrence entre medias dans le pays. Le ministre en charge de la Concurrence au Royaume-Uni avait renvoyé le dossier à la Commission en mai, après avoir reçu des avis concluants à une atteinte à la concurrence, à la fois de la part du gendarme de concurrence de première instance, l'OFT, et du gendarme des communications, l'Ofcom. Mardi, la Commission, qui ne rendra son rapport définitif qu'en décembre, assorti des mesures qu'elle préconise pour améliorer la situation, a estimé que la prise de participation de BSkyB dans ITV pourrait "donner à BSkyB la capacité d'influencer la stratégie d'ITV", notamment en termes d'investissement. La Commission remarque en effet qu'en tant qu'opérateur de télévision payante, BSkyB subit la concurrence des chaînes de télévision gratuites, "dont ITV est un acteur important". "BSkyB pourrait ainsi avoir la capacité et des raisons de profiter de la situation pour affaiblir ITV ou l'empêcher de prendre des décisions qui pourraient menacer ses intérêts", note la Commission. L'actuel ministre en charge des problèmes de concurrence, John Hutton, devra trancher au vu du rapport final de la Commission. Tout en citant la possible obligation pour BSkyB de devoir vendre ses titres ITV, la Commission tempère son propos en estimant que la part de BSkyB dans ITV "n'est pas suffisante pour soulever des questions de concurrence dans d'autres domaines comme la publicité et le contenu des informations". La Commission a invité les différentes parties intéressées à exprimer leur opinion d'ici au 23 octobre. A coup sûr, le câblo-opérateur Virgin Media pourrait faire partie de ces commentateurs. L'achat-surprise réalisé par BSkyB le 17 novembre dernier, pour 940 millions de livres (1,36 milliards d'euros) était apparu à l'époque, en effet, comme destiné à saper la proposition de rachat que venait de faire Virgin Media (à l'époque NTL) à ITV, et qui a dû être abandonnée. L'affaire avait mis aux prises deux fortes figures des medias internationaux, Rupert Murdoch, qui possède 39% de BSkyB via News Corp, et dont le fils James dirige le bouquet satellitaire, et Richard Branson, âme de la galaxie Virgin et premier actionnaire avec 10% de Virgin Media. M. Branson avait dénoncé la main-mise des Murdoch sur la presse britannique où ils possèdent déjà, outre Sky et ses plus de 8 millions de foyers abonnés, les quotidiens influents le Times et le Sun. "Si vous ajoutez ITV, vous n'avez plus de démocratie et vous laissez Murchoch décider qui sera le prochain Premier ministre", avait-il dit, accusant le gouvernement d'avoir peur des Murdoch comme "d'un gorille de 400 kilos". Peu après, BSkyB avait créé de nouveaux ennuis à Virgin en retirant de l'offre de celui-ci ses quatre chaînes de base, qui diffusent des programmes très suivis comme le feuilleton "24 heures". L'action ITV progressait de près de 3% en Bourse après cette annonce qui ouvre de nouveau la porte à une offre de Virgin Media, d'autant que le titre ITV a perdu un quart de sa valeur depuis novembre. BSkyB s'est contenté mardi d'indiquer qu'il "continuerait à discuter avec la Commission" pendant le reste de l'enquête. ITV, qui l'an dernier se montrait plus chaleureuse envers son nouvel actionnaire qu'envers les tentatives d'achat de Virgin Media, a cette fois "salué" le rapport de la Commission de la Concurrence avec laquelle elle "attend impatiemment de collaborer pour voir comment résoudre le problème".
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