Des sénateurs américains veulent réglementer la diffusion de la violence à la télévision américaine visible par les enfants aux heures de grande écoute, mais chaînes de télévision et juristes crient à l'atteinte contre la liberté d'expression. "La violence à la télévision a augmenté de 75% depuis 1998 et la jeunesse américaine assiste à plus de 1.000 meurtres et viols chaque année à la télévision", s'est indigné lors d'une audition devant une commission du Sénat, le sénateur démocrate Jay Rockefeller, déjà à l'initiative d'un projet de loi contre la violence à la télévision qui a échoué en 2005. Un récent rapport de la FCC, l'autorité de réglementation des communications, propose de repousser à 22H00 la diffusion de tels programmes et de permettre une offre du câble "à la carte" et non plus en bouquets, où l'on vous impose des chaînes pour adultes par exemple. L'instauration de la "V-chip" en 2000, une puce activée sur le téléviseur par les parents pour censurer certains programmes, n'a pas eu les résultats escomptés. Seuls 15% des parents l'utilisent parce que beaucoup ne savent pas comment le faire, selon une étude. "La violence est facile à produire et lucrative. Ca se vend bien", a regretté le sénateur qui a fait diffuser devant un public horrifié un montage video d'images de viols et d'hommes découpés, visibles dès 19H00 lors des séries "familiales" sur la télé américaine. Il a fallu écourter la séance tellement les images paraissaient insoutenables sous les lambris du Congrès. Face à ces velléités de réglementation, les juristes invoquent la liberté d'expression protégée par le 1er amendement de la Constitution américaine. "Ce n'est pas à Big Brother de décider ce qu'il est bon ou non de voir", a estimé Laurence Tribe, professeur de droit à Harvard. D'autres soulignent l'ambiguité du concept même de violence. "Vue la difficulté à définir la violence et à poser des limites, toute tentative de réguler la façon dont on dépeint la violence peut être inconstitutionnelle", a affirmé Peter Liguori, le président de la branche divertissement de la chaîne Fox. "Cela jetterait un grand froid sur les capacités des créateurs", a-t-il ajouté. Selon lui, si de nombreuses études ont conclu à une "connection" entre la télévision et la violence dans la société américaine, elles n'ont "pas établi de lien causal", une affirmation contestée par les psychologues. "Nous savons que l'exposition à la violence est un facteur de risque conduisant à commettre plus tard des actes de violence", a martelé Jeff McIntyre, de l'American Psychological Association. La violence des médias a des répercussions de trois types, a résumé le professeur Dave Kunkel, spécialiste des médias à l'Université d'Arizona: "cela accroît l'agressivité des enfants, cela les désensibilise et cela les rend exagérément craintifs". "La violence a la télévision augmente de façon significative la violence dans notre société", a conclut ce professeur.
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