L'opérateur de téléphonie mobile SFR a annoncé hier aux syndicats son projet de transférer trois de ses centres d'appels, soit 1.900 salariés, à deux sous-traitants, provoquant aussitôt des débrayages dans les sites concernés, où les syndicats parlent d'un "coup de massue". Ces centres d'appels, destinés à la clientèle "grand public" de l'opérateur, sont situés à Lyon (582 personnes), Toulouse (724 personnes) et Poitiers (571 personnes). L'annonce a été faite mercredi matin en comité central d'entreprise par la direction de SFR, filiale du groupe Vivendi, qui a assuré que les deux sous-traitants s'engageaient à maintenir les emplois pendant "au moins trois ans". "Nous nous sommes donnés, avec les syndicats, un calendrier cible pour faire en sorte que ce transfert soit possible au 1er août", a expliqué à l'AFP Hervé-Matthieu Ricour, PDG de SFR service client. Ce projet ne constituera pas une cession mais un transfert des bâtiments et des contrats de travail des salariés, a précisé dans un communiqué SFR service client, filiale à 100% de SFR qui gère les relations de l'opérateur avec ses 17,9 millions de clients. "Les centres de Lyon et Toulouse seraient transférés à Teleperformance" et celui de Poitiers à "la Division Arvato Services (filiale du groupe allemand Bertelsmann, ndlr)", a-t-elle ajouté. Selon SFR, il s'agit de confier l'essentiel de sa relation client à des sociétés plus expertes dans ce domaine tout en proposant aux salariés concernés plus de perspectives professionnelles, ces sociétés étant sous-traitantes pour de nombreuses entreprises. Jusqu'à présent, 50% des appels des clients grand public de SFR étaient sous-traités, un pourcentage qui passerait à 90% si le projet est approuvé par les syndicats. "C'est un véritable coup de massue. Nous nous y attendions pas. Nous venions de négocier des acquis salariaux et là tout est remis en cause", a réagi Laurent Demassougne, délégué FO à Poitiers, où les salariés ont débrayé dès 12H00 à l'appel d'une intersyndicale. Environ 200 employés se sont rassemblés devant la société, située sur le site du Futuroscope. Selon M. Ricour, ces mouvements, "limités dans le temps", "correspondaient, de la part des salariés, à une très forte expression de leur émotion", jugeant "parfaitement normale" cette réaction. "C'est un peu le +tsunami+", a déclaré à l'AFP Philippe Tréhout, représentant syndical CGT à Toulouse. Selon lui, des salariés du quatrième centre d'appels grand public, à Massy (Essonne, 450 employés), non concerné par le transfert, avaient prévu de débrayer par solidarité mercredi après-midi. "L'emploi à terme est forcement menacé", a dénoncé M. Tréhout, craignant "un impact sur les rémunérations et sur tous les avantages sociaux". "Il n'y a aucune raison économique pour SFR de faire ça, si ce n'est politique", a-t-il dit. "Quand on transfère une activité, on transfère tous les droits des salariés, en particulier leurs contrats de travail et leurs salaires", a assuré le PDG de SFR service client. A Lyon, la direction a indiqué à l'AFP qu'environ "un tiers des effectifs a débrayé". Des assemblées générales sont prévues sur les trois sites concernés jeudi matin pour décider de la suite du mouvement, selon M. Tréhout. La direction de SFR avait signé en octobre avec trois syndicats (CFDT, CFE-CGC, CFTC) un accord de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) sur trois ans, visant à "anticiper les changements" de métiers et d'éviter un plan social. Elle indiquait à l'époque qu'elle prévoyait sur cette période une "stabilité globale des effectifs" (8.000 salariés). La CFTC de SFR a dénoncé mercredi un "dépeçage" de l'entreprise et demandé "à être reçue dans les plus brefs délais par la direction".
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