France 2 reconstitue dans un grandiose "docu-fiction" la plus forte éruption volcanique de l'histoire: celle du Krakatoa en Indonésie en 1883, dont l'explosion, accompagnée d'un gigantesque tsunami, fit 36.000 morts et bouleversa le climat à l'échelle mondiale. "Krakatoa", coproduit avec la BBC, retrace heure par heure les étapes de cette catastrophe assez peu connue, qui fut pourtant "la plus forte explosion de tous les temps", selon Michael Mosley, responsable de l'histoire et de la science sur la chaîne britannique. Dans la même veine que "Pompéi" - diffusé en 2004 - le documentaire diffusé ce soir à 20h50 mêle images de synthèse parfois vertigineuses et récit dramatique, entièrement fondé sur les témoignages de trois survivants, colons hollandais: une mère de famille, un capitaine de navire et un scientifique, Rogier Verbeek, dont les rapports minutieux donnèrent naissance à la volcanologie moderne. Le 23 août 1883, le volcan Krakatoa, situé à une cinquantaine de kilomètres d'îles indonésiennes habitées - l'Indonésie est alors colonie hollandaise - explose. Une avalanche d'éclats de roche et de pierres volcaniques tombe dans l'océan. Sur le littoral en face de l'île, la mer se retire et les villageois assistent, paralysés, au terrifiant spectacle... Une immense vague se forme à toute vitesse. Les habitants tentent de fuir, mais trop tard pour la plupart. Le raz-de-marée dévaste les villages. Les images de reconstitution de la scène, saisissantes, viennent tristement rappeler le tsunami de 2004. Au-dessus du volcan, une colonne de nuées ardentes de 50 kilomètres de hauteur se forme, déversant des tonnes de cendres sur la terre. Dans une nuit qui dure plusieurs jours, les rescapés du raz-de-marée se réfugient dans la montagne, dont Willem Beijerinck, officier colonial, sa femme Joanna et leurs enfants. Le volcan s'écroule quelques jours après et provoque un second tsunami soulevant une vague géante de plusieurs dizaines de mètres. Un ultime et colossal amas de cendres, poussé par la vapeur, déferle sur les flots et vient ensevelir la terre, faisant à nouveau des milliers de victimes. Au total 165 villages ont été détruits et 36.000 personnes ont péri. Le Krakatoa fut la première catastrophe naturelle à retentissement mondial: en une journée, la nouvelle avait atteint l'Europe, et le journal de Joanna fut publié dans la presse. Le son de l'explosion a été entendu jusqu'en Australie. "Les réverbérations, enregistrées par des capteurs, ont fait plusieurs fois le tour du monde", explique M. Mosley. Deux ans plus tard, des restes de cadavres et de cendres ont été retrouvés sur les côtes africaines. "Le tsunami fut trois à cinq fois plus puissant que celui de 2004", à tel point que "la couleur du ciel a été modifiée dans le monde entier, comme l'ont témoigné de nombreux peintres", poursuit le producteur. Edvard Munch s'en serait notamment inspiré, selon lui. L'éruption a également eu des conséquences sur les récoltes et le climat: les températures ont chuté d'un demi degré pendant un an, puis "notablement" pendant vingt ans, ajoute-t-il. "Avec le Krakatoa, le monde a pris conscience pour la première fois qu'une catastrophe pouvait changer le climat", conclut-il.
Rédaction
17 mai 2007
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