Le 11 mai 1987, dans une salle d'assises pleine à craquer, débute à Lyon le procès de Klaus Barbie qui comparaît pour "crime contre l'humanité": une enquête diffusée sur France 3 donne la parole aux témoins et acteurs de ce procès historique, 20 ans après. Cette enquête de 52 minutes, "Une justice pour l'humanité", diffusée sur France 3 à 23h25, a été réalisée par Sylvie Cozzolino et produite par France 3 Rhône-Alpes-Auvergne. Pour la première fois en France, un procès est entièrement filmé pour les archives de l'histoire. Les premières images montrent "le boucher de Lyon" (chef de la gestapo à Lyon en 1943-1944) alias Klaus Barbie qui entre dans le box des accusés, s'asseoit, le visage impassible face à ses victimes. Il n'assistera que trois jours à son procès et ne reviendra que pour le verdict. Le film, qui mêle documents de l'époque et témoignages d'aujourd'hui, revient sur les circonstances de l'extradition de Barbie de Bolivie et son expulsion vers la France en 1983, "un rayon de soleil de justice", commente Serge Klarsfeld, qui a été l'un des avocats des parties civiles. Vingt ans plus tard, Régis Debray, qui était conseiller de François Mitterrand, se souvient que le chef de l'Etat était alors réservé quant aux retombées politiques de ce procès. Parmi les moments forts, on revoit les témoignages des femmes et des hommes détaillant devant la cour les tortures subies. Et notamment Simone Lagrange, 13 ans à l'époque, se souvenant comment son père a été exécuté devant elle. On entend aussi avec émotion la directrice de la colonie d'Izieu, dont 44 enfants ont été déportés. Aujourd'hui, quelques-uns des jurés ont accepté de raconter leurs impressions pendant ce procès long de huit semaines, de même que certains des 39 avocats. Au premier rang desquels Jacques Vergès, l'avocat de Barbie, qui alla jusqu'à demander l'acquittement de son client. Les derniers mots de Barbie seront prononcés en français pour affirmer qu'il n'avait "pas commis la rafle d'Izieu". Pour Serge Klarsfeld, "ce film est intéressant dans ses enseignements car il fait appel à des témoins". "Ce sont les parties civiles qui ont initié ces affaires, la justice a suivi", souligne-t-il. Mais l'enquête va plus loin en expliquant que ce procès a ouvert la voie à d'autres comme ceux de Paul Touvier et Maurice Papon et à l'édification de la Cour pénale internationale de La Haye.
Rédaction
11 mai 2007
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