Le créateur Marc Jacobs, directeur artistique de Louis Vuitton, se révèle un peu dans un documentaire qui décortique avec finesse et beaucoup d'humour son processus créatif et fait partager au téléspectateur le stress de la préparation d'une collection. C'est la première fois qu'une caméra a été autorisée à filmer les préparatifs d'une collection de Marc Jacobs pour Louis Vuitton. Signé Loïc Prigent, "Marc Jacobs & Louis Vuitton" (1H22 mn), diffusé sur Arte ce soir à 22H10 dans le cadre d'une soirée Théma sur "Le spectacle de la mode", dresse le portrait du "créateur américain le plus influent de sa génération" devenu en 1997 le directeur artistique de "l'entreprise de luxe la plus rentable jamais imaginée". Louis Vuitton, fleuron du groupe de luxe LVMH, c'est "plusieurs milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel", rappelle le film. "Il n'y a jamais eu de croissance inférieure à 60% par an", précise le président de Louis Vuitton, Yves Carcelle, dans une interview. De New York à Paris, Londres ou Tokyo, des ateliers aux coulisses des défilés, des rencontres avec des artistes dont le travail l'inspire aux fêtes extravagantes où "près de 1.000 magnums de champagne français vont être engloutis" en une nuit, le réalisateur a suivi le styliste pendant six mois pour montrer "comment fonctionne la machine Marc Jacobs". Ses grandes lunettes souvent sur le nez, Marc Jacobs se laisse filmer en train de repasser, de grignoter des barres protéinées pour tenir le coup, de fumer sans arrêt, d'avaler des compléments alimentaires avec un repas frugal, de s'effondrer dans un taxi après un défilé à New York, épuisé, alors qu'il doit "faire un défilé en trois semaines pour Vuitton". Avant le défilé, le stress monte. Le film adopte un rythme haletant. "A 4H00 du matin, il manque encore un sac". A 9H, une employée note: "On a encore six heures". Loïc Prigent excelle à faire partager au téléspectateur ces moments de tension et d'exaltation. Il laisse deviner la fragilité d'un artiste qui "ne pourrait pas créer sans jouer avec ses propres nerfs", selon un admirateur. Mais Loïc Prigent, réalisateur du magazine culturel d'Arte "Metropolis", montre surtout la méthode de travail de Marc Jacobs: ses "murs d'inspiration" couverts de croquis et de photos, son examen attentif de dizaines d'échantillons de cuir pour les sacs, ses longs silences de réflexion lors des réunions avec ses collaborateurs, sa recherche de "la destruction" et du "copié-collé chaotique" qui le conduisent à donner des instructions parfois déroutantes. Par exemple lorsqu'il demande de tremper un serre-tête fleuri ou un corsage brodé dans de l'eau de javel ou fait assembler de vieux sacs Vuitton pour en créer un nouveau. "C'est trop dément !" s'exclamera le créateur, ravi, en admirant ce "sac cubiste". Tiré à 28 exemplaires, il sera vendu 35.000 euros.
Rédaction
27 avril 2007
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