Après la biodiversité et l'eau douce, Yann Arthus-Bertrand poursuit son "état des lieux de la planète" en s'intéressant à la mer que la surpêche, la pollution et l'urbanisation mettent en péril. Cet épisode particulièrement dense de "Vu du ciel", diffusé ce soir à 20h50, réalisé par Pascal Plisson pour France 2, conduit le téléspectateur des Iles Sanguinaires en Corse aux récifs coralliens de Nouvelle-Calédonie en passant par l'archipel des Bijagos en Guinée Bissau, Venise, les côtes de Bretagne et le Mont Saint-Michel. Au final, la responsabilité de l'homme dans la dégradation de son environnement est démontrée de façon implacable accompagnée d'un message: "Nous vidons la mer de ses poissons, nous la traitons comme une poubelle, nous approchons d'un point de non retour". "Le pouvoir est dans les mains du consommateur, ce n'est pas les politiques qui font changer les choses, c'est nous", insiste le photographe-cinéaste qui vient de signer avec France 2 pour une nouvelle série de quatre émissions et entame le tournage d'un film "à la façon de celui d'Al Gore" sur les effets du réchauffement climatique. En exergue, Yann Arthus-Bertrand rappelle que l'oxygène vient à 70% de la mer et que les océans recouvrent 72% de la planète. Les images impressionnantes se succèdent. Celles des crabes de Staline, des créatures géantes introduites dans la mer de Barentz par les Soviétiques dans les années 60, qui n'ont pas de prédateur et gagnent petit à petit les côtes nordiques constituant une véritable bombe écologique. Celles des poissons étranges des abysses (90% des espèces marines sont encore inconnues), des navires poubelles qui raflent en un jour la pêche d'un mois des pêcheurs de Guinée Bissau. Mais sans aller aussi loin, on découvre la pisciculture en Corse et ce nouveau métier de "paysan de la mer" (aujourd'hui 50% des poissons consommés viennent de l'aquaculture). Avec un bémol, puisque pour obtenir un kilo de poisson d'élevage, ce sont 4 kg de poissons sauvages qu'il faut réduire en farine... Pour chaque lieu visité, le témoignage d'un spécialiste vient étayer la réflexion et si le documentaire est passionnant, on aimerait qu'il aille un peu plus loin dans la pédagogie en énumérant par exemple les poissons qu'il faut éviter d'acheter (une espèce de poissons sur trois est menacée). Comme les deux précédents, le magazine est "compensé carbone" --les émissions de gaz à effet de serre des hélicoptères utilisés seront compensées par un financement, cette fois-ci au bénéfice d'une ONG de Madagascar. Le prochain volet de "Vu du ciel" sera consacré à la terre et illustré par une maison "zéro énergie" construite tout spécialement pour l'occasion. Le 17 avril, pour la première fois un "Green World Award" sera attribué à Yann Arthus-Bertrand par Reed Midem à Cannes, dans le cadre du marché international des programmes.
Rédaction
17 avril 2007
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