Ce soir à 22h55 France 2 offre une immersion inédite dans le quotidien des magistrats avec "Nos juges", collection de trois documentaires qui décortiquent les mécanismes de la justice française en filmant des juges dans l'intimité de leurs décisions. Isabelle Schmelck, juge aux affaires familiales, Françoise-Léa Cramier, juge d'application des peines (JAP), et Pierre-François Martinot, juge d'instance en milieu rural, ont laissé les caméras de l'agence Capa les suivre au quotidien. Ce sont des magistrats "ordinaires", incarnant des juridictions méconnues, décortiquées avec pédagogie. Entre deux audiences filmées, captivantes, leurs confessions permettent de comprendre au plus près ce métier dont une majorité de Français se méfie. Au tribunal de grande instance de Créteil - premier volet de la série - Isabelle Schmelck reçoit chaque année des centaines de couples pour trancher dans les affaires de divorces, pensions, résidences et gardes d'enfants. Le téléspectateur peut, sans voyeurisme, assister à des histoires aussi banales que tragiques, lot quotidien de ce "tribunal du désamour". Comment trancher quand une mère accuse son ex-mari d'attouchements sexuels sur leur fille alors que le père clame son innocence? Le documentaire pénètre l'intimité des choix du juge, qui essaie de "faire au mieux", avec le souci constant de l'intérêt de l'enfant. "Une personne sur deux a refusé de se faire filmer. Paradoxalement ce sont les cas +extrêmes+ qui ont accepté, comme le père accusé d'attouchements, parce qu'il se considère comme innocent", explique le réalisateur, Ionut Teainu. Le deuxième film, "La liberté sous condition", suit une juge d'application des peines chargée d'examiner les demandes de libérations anticipées des détenus de la prison de Joux-la-ville (Yonne). Libérer un détenu avant l'heure multiplie les chances de réinsertion et diminue le risque de récidive. Mais comment s'assurer qu'un violeur ou un escroc ne recommencera pas? La juge confie son tiraillement entre sa volonté de donner une chance aux prisonniers et la peur de la "bourde" qui lui mettrait l'opinion publique à dos, en faisant un "nouveau juge Burgaud". Le dernier volet de la série, "le tribunal de la vie ordinaire", accompagne François Martinot, juge d'instance à Châteaubriant (loire-Atlantique), dans la campagne nantaise. Conflits de voisinage, endettement, préjudices à 20 euros... "On dit souvent que les juges sont dans leur tour d'ivoire, alors qu'ils prennent justement en pleine +gueule+ tous les maux de la société", observe le réalisateur, Alexis Marant. "L'image qu'on se fait de la nature humaine est plutôt déprimante", confie le jeune juge. L'expérience des caméras a eu sur les trois magistrats un "effet miroir" positif, malgré leur méfiance initiale. "Cela nous a obligé à argumenter de nos pratiques, et a permis de véhiculer une autre image de notre métier que celle, souvent déformée, des médias", estime Pierre-François Martinot.