Paris 1960, Eliane dirige l"Hebdo" aux côtés de Michel avec lequel elle vit: c'est le point de départ du film réalisée pour France 3 et diffusé ce soir à 20h50, par Caroline Huppert qui cisèle un portrait de femme énergique et fragile inspirée de figures emblématiques du journalisme au féminin, Françoise Giroud ou Hélène Lazareff. Difficile de ne pas penser également à Jean-Jacques Servan-Schreiber récemment disparu, avec le personnage de Michel (Jean-Pierre Lorit), journaliste "intègre, droit, indifférent aux modes", "monomaniaque de la politique", comme le décrit Eliane (Florence Pernel). Pourtant, l'écrivain Patrick Rotman, scénariste du film, défend s'être inspiré du couple JJSS-Françoise Giroud. "A l'origine je voulais écrire un film sur Séverine, la première femme journaliste d'investigation à la fin du XIXe siècle", explique-t-il. Le projet n'aboutit pas. Le scénariste campe son héroïne au tout début des années 60, et se replonge avec délectation dans la lecture des journaux de "cette période-charnière". C'est la grande époque de Bardot et de Godard, de l'ascension vers le pouvoir du jeune sénateur John Kennedy, de l'apparition de la pilule contraceptive aux Etats-Unis. A côté de l'histoire d'amour qui se délite peu à peu entre les deux patrons de presse, ("Le journalisme c'est comme l'amour, on gâche pas mal de copie avant d'arriver à la bonne", dit Eliane), sont abordés les rapports mère/fille. Eliane n'a pas vu grandir sa fille de 17 ans Marion (Amélie Lerma) et se montre une mère très conformiste qui tombe des nues quand celle-ci lui annonce sa grossesse. Mais ce sont aussi les relations entre la presse et la classe politique qui sont évoquées et les questions sur la liberté d'informer qui sont posées. Entre Eliane et Michel le fossé se creuse également sur le plan de la déontologie professionnelle. Eliane veut "sortir le journal du ghetto militant" avec des sujets plus "légers", comme un article sur Brigitte Bardot qui "n'est pas du spectacle, mais un phénomène de société". Michel, lui, se refuse "à divertir les petits bourgeois". La reconstitution est soignée. Costumes, décors et objets des années 60 confèrent à l'ensemble un petit goût de nostalgie, le tout sur fond d'airs de jazz composés par Michel Portal qui a reçu le prix de la meilleure musique au dernier Fipa de Biarritz (Pyrénées-Atlantiques).
Rédaction
3 décembre 2006
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