Le gouvernement japonais a ordonné au groupe d'audiovisuel public NHK de consacrer plus de temps d'antenne au drame des enlèvements de ressortissants nippons par la Corée du Nord pendant la Guerre froide. Le gouvernement conservateur avait reçu le feu vert cette semaine du Conseil de régulation de la radio, un comité d'experts qui conseille le ministre de la Communication Yoshihide Suga. Mais cette décision sans précédent risque de s'attirer les foudres de ceux qui estiment qu'une telle injonction violerait la liberté de la presse. M. Suga avait annoncé fin octobre son désir d'obliger la NHK, qui consacre déjà une très large couverture aux enlèvements dans ses émissions destinées au Japon, à accorder davantage de temps d'antenne à cette question ultrasensible dans ses programmes radiophoniques destinés à l'étranger. L'opposition s'est insurgée contre ce projet. La loi sur l'audiovisuel public au Japon autorise le ministre à désigner d'office des sujets à traiter par la radio NHK dans ses programmes internationaux, qui offrent des services en 22 langues sur ondes courtes et sur internet. Le scandale des enlèvements est un véritable traumatisme national au Japon. La Corée du Nord a reconnu avoir kidnappé 13 Japonais dans les années 1970 et 1980 pour qu'ils forment des espions nord-coréens à la langue et la culture nippones. Pyongyang a relâché cinq d'entre eux en 2002 et affirmé que les huit autres étaient décédés. Mais en l'absence de preuves convaincantes, les familles des kidnappés n'ont jamais cessé de penser que leurs enfants ou parents étaient en vie et toujours retenus prisonniers par la dictature nord-coréenne. L'affaire est l'un des chevaux de bataille du Premier ministre conservateur nippon Shinzo Abe, qui doit sa popularité à la ligne dure qu'il prône contre Pyongyang.
Rédaction
11 novembre 2006
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