Le visage fermé et les mains accrochées à un chapelet, une quinquagénaire menottée est extirpée d'une Traction avant pour monter les marches d'un Palais de justice sous les cris de la foule : en quelques secondes, Muriel Robin impose une Marie Besnard saisissante de vérité. "Marie Besnard, l'empoisonneuse...", un film réalisé par Christian Faure pour TF1, retrace en deux épisodes de 90 minutes l'une des plus grandes énigmes judiciaires de la France de l'après-guerre, diffusé ce soir à 20h55 en HD. En 1949, dans un pays encore meurtri par la Deuxième guerre mondiale, Marie Besnard, une habitante de la petite ville de Loudun (Vienne), est inculpée pour l'empoisonnement de douze de ses proches, à la suite de rumeurs apparues à la mort de son mari en 1947. Des analyses effectuées sur les cadavres révèlent des traces inhabituelles d'arsenic mais ses avocats parviendront à semer le doute sur le sérieux de ces examens. Après cinq ans de prison, trois procès étalés sur une décennie, elle sera acquittée. Marie Besnard retournera dans sa ville natale et y finira sa vie, passant du statut d'"empoisonneuse du siècle" à celui de "la bonne dame de Loudun". Coupable ou innocente ? Marie Besnard a toujours nié et l'énigme reste entière. Le film de Christian Faure ne prend pas position, un parti pris qui contribue à la force de cette fiction. A noter que les deux scénaristes, Olga Vincent et Daniel Riche (décédé avant le tournage), se sont forgés deux avis diamétralement opposés après s'être plongés plusieurs mois dans les archives de l'époque. "Ce n'est pas sa culpabilité qui m'intéressait, mais le phénomène de la rumeur, l'ambition des fonctionnaires et la vanité des experts", explique Christian Faure. "On remue tout cela et cela donne l'affaire Marie Besnard". La comédienne Muriel Robin, connue pour ses talents d'humoriste, est stupéfiante de vérité dans ce rôle trouble, parvenant à plonger le téléspectateur dans le doute, du début à la fin. La comédienne dit n'avoir rien lu sur Marie Besnard. "Je ne me suis absolument pas renseignée sur Marie Besnard car celle que j'incarnais était la Marie Besnard" des scénaristes, explique l'actrice. Pour se glisser dans la peau de cette femme, qui reste un mystère, Muriel Robin a "travaillé son texte pendant deux mois avec un répétiteur". "Une perruque, des lunettes, très peu de maquillage"... apparaissait alors une veuve pieuse d'une ville de province, décrite comme "anormalement normale" par les psychiatres de l'époque. "Il ne s'agit pas d'un contre-emploi. C'est simplement un autre emploi", ajoute-t-elle. "Je ne peux pas tout mettre dans un rôle drôle. Il y a des choses en moi que je n'ai mises que dans Marie Besnard". Muriel Robin n'a pas d'"intime conviction" sur la culpabilité ou l'innocence de cette femme. "Elle me plait dans les deux cas", explique-t-elle. "Si elle est coupable, je ne vais pas l'applaudir mais je la trouve forte. Si elle est innocente, elle me plait aussi car c'est une victime digne, qui garde la tête haute". L'ensemble des acteurs semble tout droit sortis des années 50. Et bien que n'ayant que quelques courtes scènes, Mado Marin marque les esprits en incarnant la mère de Marie, une octogénaire silencieuse, au visage dur et aux yeux perçants.
Rédaction
25 septembre 2006 à 01h00
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